En situation difficile au moment de son rachat il y a un an, la société de services spécialisée dans les environnements Microsoft est revenue à l’équilibre en 2013. Entretien avec Thierry Rolland son directeur général.

Channelnews : Il y a un an, Exakis s’adossait au cabinet de conseil en organisation Magellan Consulting en cédant 90% de son capital à ses dirigeants. Une opération qui s’est faite dans un contexte très tendu pour l’entreprise : déjà endettée, elle venait de terminer son exercice fiscal 2012 sur une nouvelle perte de 2,8 M€ (environ 13% du chiffre d’affaires).

Comment se porte l’entreprise aujourd’hui ?

Thierry Rolland : Beaucoup mieux. Le rapprochement avec Magellan Consulting a permis de la désendetter et de revenir à une exploitation positive tout en affichant une légère croissance. L’objectif pour l’exercice en cours est d’atteindre 5% de résultat d’exploitation.Avec ses 300 collaborateurs, Exakis reste l’une des principales entreprises françaises dédiée aux environnements Microsoft. Et nous avons actuellement 80 postes ouverts, ce qui est plutôt plus que d’habitude.

Que vous a apporté Magellan ?

Thierry Rolland : Magellan nous a donné accès aux grands comptes du CAC 40 dont nous étions exclus jusque-là. En un an, nous avons ainsi gagné six référencements dans des grands groupes. Magella nous a également apporté son expertise métier. Ensemble, nous avons gagné des projets phares que nous n’aurions jamais pu remporter séparément. À l’inverse, Exakis a probablement permis à Magellan d’étoffer sa proposition de valeur en lui permettant de répondre aux besoins de ses clients souhaitant aller jusqu’à la livraison de leur système d’information.

Diriez-vous que les difficultés qu’a connues Exakis, en tant que pure player Microsoft, sont symptomatiques de la crise que traverse l’ensemble de l’écosystème Microsoft ?

Thierry Rolland : Oui et non. Le rachat d’Exakis n’est pas lié à cette notion de crise. Il y avait des raisons propres à l’entreprise. Les difficultés de l’agence de Paris notamment ont eu des répercussions importantes. Mais il est exact que le métier traditionnel de l’écosystème Microsoft tel que l’exerçait Exakis il y a encore trois ou quatre ans est en train de disparaître, engendrant incontestablement une souffrance des partenaires Microsoft.

Que voulez-vous dire ?

Thierry Rolland : L’arrivée de BPOS (l’ancêtre d’Office 365) en 2009 a remis en cause le modèle traditionnel des services d’infrastructures fondé sur le traitement des évolutions de version des plateformes clients. Avec Office 365, ces évolutions sont désormais gérées par Microsoft. Ça a été une révolution. Au départ, on pensait que les clients ne suivraient pas. Mais il a fallu se rendre à l’évidence : aujourd’hui, plus personnes nous demande de faire de la montée en version. Les clients migrent vers des architectures de type Cloud qu’elles soient publiques, privées ou hybrides. Et l’évolution a été comparable côté développement applicatif. Fini les applications .Net en local s’appuyant des services privés. La plupart des clients passent sur Azure où ils trouvent des librairies et des catalogues de services mis à disposition par Microsoft et son écosystème.

Comment vous êtes-vous adaptés ?

Thierry Rolland : Dans un premier temps, nous nous sommes renforcés dans l’industrialisation des prestations de migration vers BPOS/Office 365 et dans la sécurisation des accès à ces plateformes. Ces prestations ont bien fonctionné en 2013 avec la signature de plusieurs projets internationaux. On a aussi mis l’accent sur la formation des utilisateurs via le e-learning et la réalisation de guides interactifs. Nos architectes messagerie on premise se sont reconvertis dans la conception et l’optimisation de Cloud privés, dont les problématiques de déploiement et d’exploitation sont complètement différentes de celles des architectures traditionnelles. Nous sommes ainsi l’un des deux seuls partenaires français de Microsoft habilités à déployer ses solutions DCS (solutions de Cloud privé). Mais rapidement il est apparu qu’il allait falloir construire un nouveau modèle de services. Car une fois que les plateformes on premise ont migré dans le Cloud, il ne reste plus grand-chose à faire. On pense ainsi que d’ici quatre ou cinq ans, ces Cloud privés que nous contribuons à construire actuellement seront hébergés et gérés par des opérateurs spécialisés et que les projets de migration sortiront progressivement de notre périmètre.

Que restera-t-il alors ?

Thierry Rolland : La sécurisation des données, la gestion des identités et le développement d’applications. Le développement va peu à peu prendre une place prépondérante au détriment des projets d’infrastructures. Mais la maîtrise des infrastructures restera déterminante pour offrir des délais de mise à disposition réduits. Le développement va s’orienter de plus en plus vers les métiers. Avec Azure, il n’est plus nécessaire de reconstruire à façon librairies et objets. On passe moins de temps en conception technique ce qui permet de mieux coller aux besoins des métiers. Il nous arrive d’ailleurs de travailler directement avec les directions métiers sans passer par les DSI. C’est pour s’adapter à cette évolution que nous devions nous renforcer financièrement. Il fallait investir dans des consultants qui aient une approche métier, incuber de nouvelles activités…

Qu’est ce que le rachat a changé dans l’organisation et l’organigramme d’Exakis ?

Thierry Rolland : Assez peu de choses finalement. La présidence a évolué mais j’ai conservé ma fonction de directeur général. On a renforcé l’équipe commerciale. Sur le plan technique, nous suivons les recommandations de Microsoft découlant de sa stratégie « devices et services », en investissant sur Azure et Office 365.

Où en êtes-vous de votre litige avec la société vNext, que vous poursuivez en concurrence déloyale ?

Thierry Rolland : Je ne ferai aucun commentaire sur ce sujet hormis que l’impact opérationnel a été circonscrit et que la procédure suit son cours.