Moins d’une semaine après avoir annoncé son intention de racheter Osiatis, Econocom révèle vouloir doubler son chiffre d’affaires d’ici à 2017. Un objectif qui passe par de nouvelles acquisitions.


Moins d’une semaine après avoir annoncé son intention de racheter Osiatis, Econocom vient de dévoiler son nouveau plan stratégique 2013-2017. Principale information : le groupe de distribution et de services IT entend mettre à profit cette période de cinq ans pour doubler son chiffre d’affaires. Son objectif affiché est d’atteindre les 3 milliards d’euros à échéance. Le rachat d’Osiatis, s’il se concrétise, lui permettrait de prendre un peu d’avance sur ce plan en lui donnant l’opportunité d’atteindre 1,9 Md€ de chiffre d’affaires en année pleine, et surtout de remplir d’emblée son objectif de réaliser 30 à 35% de son chiffre d’affaires dans les services.

Ceux-ci représentent actuellement moins de 20% des facturations groupe (20,5% en France). Avec les quelque 309 M€ d’Osiatis (en 2012), ils passeraient la barre des 650 M€, soit 34% du chiffre d’affaires. Leur répartition serait toutefois très déséquilibrée à l’échelle du groupe avec une nette prédominance en France (500 M€) au détriment des autres pays. Les services pèseraient ainsi près de la moitié des facturations de la filiale française mais seulement 17% à 18% dans les autres filiales. Ce qui laisse la porte ouverte à d’autres acquisitions, notamment en Allemagne et en Italie, où la couverture services du groupe est jugée insuffisante.

Mais au-delà des services, Econocom souhaite également rééquilibrer le poids de la distribution par rapport à l’activité financement. Celle-ci pèse actuellement 65% du chiffre d’affaires groupe et devrait progressivement revenir à 50%. Nous avons demandé à Véronique di Benedetto, présidente d’Econocom France, de nous en dire un peu plus sur les ambitions du groupe et sur le projet de rachat d’Osiatis.

 

Channelnews : Pourquoi vouloir racheter Osiatis ?

Véronique di Benedetto : Pour développer l’activité services du groupe et améliorer notre capacité à proposer des offres globales mariant services, produits et financement. Osiatis est un acteur clé du marché et représente une opportunité qu’il eut été dommage de laisser passer. Certes, l’idéal aurait été une cible bénéficiant d’une couverture européenne avec notamment une présence en Italie et en Allemagne. Mais son savoir-faire et sa réputation vont clairement booster notre activité.

Quels sont les risques ?

Véronique di Benedetto : L’écueil principal va être d’arriver à réunir les deux groupes en arrivant à garder les talents et les compétences.

Vous évoquez 20 M€ de synergies. Pouvez-vous préciser lesquelles ?

Véronique di Benedetto : il s’agit de synergies de coûts et de business. Nous les avons chiffrées sur la base de l’expérience de l’intégration d’ECS. Pour rappel, nous avions évalué à l’époque à 25 M€ les synergies de ce rapprochement. Ce qui a été réalisé par la suite.

Si la transaction devait aboutir, quel serait le nouveau poids des services dans l’activité du groupe et plus particulièrement en France ?

Véronique di Benedetto : Les services représenteraient 650 M€ de facturations annuelles [sur un total de 1,9 milliards], dont 500 M€ en France. Sachant que la filiale française a enregistré 150 M€ de revenus services en 2012 et que nous prévoyions d’atteindre 180 M€ cette année avec les rachats de Cap Synergy et d’Exaprobe, cette acquisition aurait pour effet de quasiment tripler notre taille sur ce marché.

Est-ce que cette acquisition est susceptible de modifier votre mix services ?

Véronique di Benedetto : Pas fondamentalement. Osiatis devrait surtout renforcer nos offres Business Continuity (maintenance) et outsourcing (infogérance), qui sont déjà nos deux pôles services dominants devant IT Staffing (assistance technique) et Project & Consulting. Nous pourrions toutefois hériter d’une offre services aux applications/TMA, que nous n’avons pas.

Dans votre nouveau plan stratégique 2013-2017, annoncé hier, vous mettez particulièrement en avant les notions de « Digital as a Service », de services numériques, d’intégration Cloud… Sachant que le financement et la distribution de produits restent les pilliers de votre activité, ne craignez-vous pas d’être affectés à votre tour par le déclin qui frappe les produits IT et notamment les produits hardware ?

Véronique di Benedetto : Le financement et la distribution sont des activités qui se portent bien aujourd’hui chez Econocom. Nous pensons qu’il y aura toujours besoin de sourcing matériel et que cela reste un vrai métier quoiqu’en disent certains. L’avènement des objets connectés, auxquels nous croyons beaucoup chez Econocom, devrait consacrer le retour du hardware au centre du jeu.

Que signifie votre nouveau crédo : « être le pionnier européen de l’intégration technologique et financière de solutions digitales ». En quoi se distingue-t-il du précédent ?

Véronique di Benedetto : jusque là, nous mettions en avant notre capacité à gérer les infrastructures de nos clients. Désormais nous insistons sur notre capacité à marier la technologie et le financement. On se voit comme un intégrateur global en mesure d’assembler divers types de matériels et de services en les inscrivant dans des modèles économiques innovants.

Comment se présente 2013 ?

Véronique di Benedetto : Nous n’avons pas communiqué de chiffre de croissance prévisionnelle pour l’exercice en cours. Nous avons seulement évoqué l’objectif d’atteindre les 1,6 Md€ de chiffre d’affaires. Nous avons achevé le premier trimestre sur une croissance de 5% des revenus. Et on reste très confiants sur notre capacité à délivrer de la croissance cette année. Les perspectives dans la distribution et le financement sont bonnes. Tout ce qui est du domaine des projets est plus difficile.