Bull va céder l’activité Eagle d’Amesys, le logiciel qui avait provoqué la polémique après la chute du colonel Kadhafi. Cette cession intervient quelques jours avant la diffusion d’un documentaire sur le sujet.

 

Le groupe Bull a fait savoir dans un communiqué qu’il avait signé un accord d’exclusivité pour négocier la cession des activités de sa filiale Amesys « relatives au logiciel Eagle ».

Le document précise que cette activité n’est pas stratégique pour Bull « qui souhaite se concentrer sur son expertise en matière de systèmes critiques électroniques et en particulier sur les domaines concernant la protection des personnes et du territoire ».

L’activité cédée représenterait moins de 0,5% du chiffre d’affaires du groupe.

Le logiciel traîne surtout une très mauvaise réputation derrière lui depuis que l’on sait que le colonel Kadhafi en avait fait usage pour traquer ses opposants.

Après la découverte en août 2011 d’un exemplaire d’Eagle dans le centre de surveillance du dictateur par deux envoyés du Wall Street Journal, Amesys avait reconnu avoir cédé son produit à la Libye pour un usage restreint, usage qui excluait les communications par satellite, les communications fixes et mobiles, le filtrage des sites Internet, et les données cryptées. Apparemment le produit n’avait donc pas de grande utilité. On se demande d’ailleurs pourquoi le régime lybien l’avait acheté peu après la visite officielle du colonel Kadhafi dans l’Hexagone en décembre 2007.

On en saura peut-être un peu plus après avoir vu le documentaire consacré en partie Eagle, qui sera diffusé sur Canal+ le 14 mars. On remarquera d’ailleurs que l’annonce de la cession de cette activité par Bull intervient quelques jours avant cette diffusion.

Dans une interview accordée à notre confrère du Monde Olivier Dumons, l’auteur du film, Paul Moreira, explique que la direction d’Amesys a attendu quatre mois pour lui accorder un entretien. C’est au directeur commercial de la société qu’échut cette inconfortable mission. Ce qui étonne Paul Moreira qui explique à notre confrère que des documents écrits prouvent que les négociations avec la Lybie ont été menées directement par le PDG d’Amesys, Philippe Vannier « qui n’assume pas ses responsabilités ». Gênant pour celui qui depuis a pris le contrôle de Bull via sa holding Crescendo industries.

Le goût de la pilule amère Eagle risque donc de rester encore un certain temps dans la bouche des collaborateurs du groupe.