Pour la première fois en trois ans, l’effectif de la SSII n’a pas augmenté le mois dernier. Bertrand Ducurtil, son directeur général, table sur une décélération régulière de sa croissance.

 

Channelnews : Alors que la plupart de vos consœurs sont entrées de plain-pied dans la récession, vous faites exception en continuant d’enregistrer une croissance organique positive de presque 10%. A quoi cela tient-il ?

Bertrand Ducurtil : Nous continuons de bénéficier des nombreuses affaires engrangées l’année dernière, période qui a été exceptionnelle à cet égard. Mais si les projets d’infrastructures continuent de bien marcher, le plan de charge est moins assuré sur l’intégration de progiciels et le conseil. Nous devrions en ressentir les effets à partir de septembre.

 

En somme, ce qui vous différencierait de vos homologues, ce serait la plus grande inertie de votre business ?

Bertrand Ducurtil : C’est possible. C’est sans doute dû à la part importante de l’infogérance dans nos revenus. Mais si le marché devenait très difficile, nous ne passerions pas entre les gouttes. Nous tablons sur une diminution progressive mais régulière de notre croissance organique. Une érosion qui a déjà commencé du reste. Certes, nous avons enregistré plus de 9% de croissance organique au premier trimestre mais nous étions encore à +16% le trimestre précédent.

 

Comment cela se traduit-il sur le plan des effectifs ?

Bertrand Ducurtil : Pour la première fois depuis trois ans, l’effectif net est resté stable au mois d’avril. Pour comparaison il a augmenté de 300 personnes en 2008. Le turn over a également été divisé par deux. Il plafonne à 10% depuis février alors qu’il atteignait encore près de 20% en octobre. Même si certaines expertises rares restent difficiles à trouver, on ne parle plus du tout de tensions sur l’emploi.

 

Que vous évoquent les rapprochements d’Oracle et Sun ou les annonces de Cisco dans les serveurs. Quelles vont être les conséquences sur votre activité ?

Bertrand Ducurtil : J’y vois l’avènement de grands fournisseurs d’infrastructures se positionnant en alternative de HP ou IBM pour contrôler le marché des grandes salles machines. A terme, l’essentiel des budgets clients se répartiront autour de ces quatre acteurs et de quelques autres comme Microsoft ou EMC. Cela ne changera rien pour nous d’autant que les conséquences de ces manœuvres ne se concrétiseront que dans quatre ou cinq ans. D’ici là, les clients ont largement le temps d’achever leurs investissements en cours.