Bien que le plan social annoncé fin mars soit en passe de s’achever, les 1.800 salariés de Computacenter France ne sont pas au bout de leurs peines. Car c’est à une transformation radicale qu’ils doivent maintenant s’adapter.

Pour remettre sa filiale française à flot, le groupe Computacenter a engagé une remise à plat non seulement de son organisation mais également de son modèle économique. Computacenter France doit passer le plus rapidement possible d’un modèle orienté à près de 85% sur la vente de produits à un modèle où l’essentiel de la marge et des effectifs seront tournés vers les services. Une révolution dans une entreprise où 90% des nouvelles commandes dépendent encore de près ou de loin des postes de travail.

Autre évolution majeure, l’entreprise va devoir se recentrer sur les 500 principaux clients français et abandonner progressivement la kyrielle de petits clients qui constituaient jusque-là son ordinaire. En clair, tout ceux qui ne présenteront pas le potentiel nécessaire pour permettre à Computacenter de dégager 300 K€ de marge par an ne feront plus partie de sa cible. Pour y veiller, une cellule « gouvernance » est chargée de valider les affaires gagnées par les commerciaux. Si ces derniers n’obtiennent pas le feu vert sollicité, ils doivent renoncer à conclure.

60 reclassements sur 230 postes supprimés

Le plan social est évidemment un levier d’adptation de l’entreprise. Homologué mi septembre, celui-ci s’est traduit par environ 170 licenciements secs, dont l’essentiel ont été notifiés courant octobre. En réalité, il y a eu 230 suppressions de postes mais une soixantaine de reclassements ont pu être opérés. L’essentiel des suppressions de postes a concerné le commercial, le back-office (notamment la relance clients) et la la logistique, dont les flux sont appelés à diminuer drastiquement. Mais les services ont également été touchés, notamment le support (prise d’appel).

Un paradoxe car Computacenter France manque cruellement de bras dans les services. Quelque 20 à 30 experts seulement sont capables d’intervenir sur les architectures complexes et les infrastructures à valeur ajoutée. Beaucoup trop peu au regard des ambitions du groupe. Du coup, les experts des filiales britannique et allemande sont convoqués en masse pour prêter main forte à leurs homologues français en attendant que les recrutements ad hoc soient effectifs. Car, en même temps qu’il supprime 230 postes, Computacenter France en crée 180, essentiellement dans les services et au support.

Le management local a volé en éclat

Facteur supplémentaire de destabilisation pour les salariés, leurs managers sont en plein renouvellement. La structure locale de management a volé en éclat au profit d’un management centralisé à l’échelle du groupe. La plupart des directions métiers, notamment les services, les ressources humaines, les achats, la gouvernance, le marketing, la qualité sont désormais rattachées à la Grande Bretagne ou à l’Allemagne.

Ainsi, après Henri Viard, l’ex-DG France, Gabriel Nicolini, ex-patron de la logistique, et Pierre Laurin, ex-directeur des services, remerciés fin 2013, plusieurs autres top- managers ont quitté le navire ces dernières semaines, tels Marie-Claire Dat, directrice des ressources humaines ou Thierry Clabault, ex-directeur commercial.

D’autres sont restés moyennant une révision à la baisse de leurs responsabilités. C’est par exemple le cas de Frédéric Mathiot, ex-directeur de la stratégie et de la communication, désormais directeur de la gouvernance et du design management. Et si une nouvelle directrice générale a été embauchée, en la personne d’Isabelle Roux-Buisson, ses prérogatives ont été fortement revues à la baisse par rapport à son prédecesseur.

Un nouveau plan social à court terme si le virage services ne prend pas

C’est dans ce contexte extrèmement mouvant et nouveau que les salariés doivent désormais se positionner et redresser la barre. Et pour cela ils sont condamnés à réussir vite car la direction du groupe a été extrèmement claire : compte tenu de ses résultats financiers (perte opérationnelle de 8,6 M€ en 2013 et 6,2 M€ anticipés en 2014), c’est un nouveau plan social d’une ampleur autrement plus dévastatrice qui guette la filiale française à plus ou moins court terme.