Le procès opposant Apple à Samsung arrive à son terme après une bataille de chiffres et d’experts. Pas sûr que le jury arrive à se faire une opinion, obligeant ainsi les deux protagonistes à repartir de zéro.

 

Après trois semaines d’escarmouches dans la salle d’audience du tribunal de San José (Californie), le procès, ou plutôt la bataille de chiffres, qui oppose Apple à Samsung à propos d’éventuelles violations de propriété intellectuelle arrive à sa fin. Une fin qui pourrait d’ailleurs marquer le début… d’un nouveau procès. La mauvaise foi dont font preuve les protagonistes irrite en effet la juge Lucy Koh et provoque le désarroi des jurés qui peinent à se faire une opinion. Ces derniers pourraient donc renvoyer dos à dos les deux fabricants, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle nouvelle bataille juridique.

L’Américain comme le Coréen ont fait appel à un bataillon d’experts dont le but n’est apparemment pas de permettre de découvrir la vérité mais bien de justifier les prétentions des deux géants. Apple réclame 2,5 milliards de dollars de dommages et intérêts et l’interdiction des terminaux Galaxy incriminés sur le sol américain. De son côté, Samsung exige un peu moins de 422 millions de dollars pour violation de brevets UMTS lui appartenant. Les prétentions d’Apple sont basées sur la marge de 35,5% que réaliserait Samsung sur la vente de ses terminaux. Un chiffre contesté par un expert mandaté par le Sud-Coréen qui situe ladite marge aux environs de 12%.

Le procès a notamment permis de découvrir qu’Apple, généralement très discret sur sa stratégie, avait versé 1,4 milliard de dollars de royalties à près de 90 entreprises. Le constructeur a par ailleurs concédé des licences à Microsoft, l’éditeur n’étant officiellement pas susceptible de copier ses produits. Autre secret dévoilé au cours des audiences : la sortie de chaque nouveau produit mobilise une quinzaine de designers industriels autour d’une table de cuisine au siège de Cupertino. C’est ce que révèle le New York Times.

Jeudi, la tension est encore montée d’un cran lorsqu’un avocat d’Apple a présenté à la juge un document de 75 pages récapitulant les CV des 22 témoins que le fabricant souhaitait faire auditionner au cours du temps qui lui était imparti, soit très exactement 3 heures et 53 minutes. « A moins que vous ne fumiez du crack vous savez bien que ces témoins ne peuvent pas être appelés », a expliqué Lucy Koh, rapporte le site technologique The Verge.

Le juriste s’étant ensuite plaint du temps qui avait été accordé la veille aux deux parties pour terminer leur défense (deux fois 25 heures), la magistrate a répondu sèchement, « J’économise le temps parce que vous êtes tous déraisonnables ».