L’éditeur de solutions de gestion n’a pas l’intention de se contenter des activités intégration d’Arcole d’Ares. Il cherche aussi à prendre le contrôle du pôle développement que ce dernier avait cédé il y a deux ans à De Gamma.

 

Lefebvre Software est sur le point de réunir à nouveau les activités développement et intégration d’Arcole qu’Ares avait séparées il y a deux ans en cédant le pôle édition de son progiciel à De Gamma. L’éditeur de solutions de gestion confirme être entré en négociations exclusives avec ce dernier alors qu’il négocie en parallèle avec Ares le rachat de son activité intégration Arcole RH et Finance. Les négociations pourraient aboutir au cours de la première semaine de septembre.

Lefebvre se présente comme un éditeur spécialisé dans les solutions de gestion financière et de paye-RH pour les moyennes entreprises. Le rachat d’Arcole est pour lui l’opportunité d’élargir sa base installée sur un marché saturé et de renforcer sa capacité à intervenir sur les bases Oracle Unix qui ne représentaient jusqu’à présent que 5 à 10% de son parc.

Surtout ne pas effrayer les clients et les salariés


Sa présidente Vivianne Ribeiro se veut rassurante pour les clients d’Arcole. Elle souligne que sa société a déjà mené plusieurs opérations de croissance externes au cours des dernières années (notamment Scod en 2007 et ASGroup en 2008) et qu’elle a toujours fait le choix de maintenir et de faire évoluer les solutions rachetées.

Il n’est donc pas question d’abandonner le produit Arole. Au contraire. Selon elle il s’agit d’apporter aux clients d’Arcole, par ailleurs très satisfaits de leur solution, des services et des produits complémentaires. « Le rachat d’ASGroup a été une opportunité formidable pour les utilisateurs à qui nous avons apporté aux utilisateurs des portails web, des solutions de consolidation et de reporting », assure-t-elle.

L’opportunité d’accélérer son développement européen


Chronos, le progiciel de gestion des temps racheté par De Gamma en même temps qu’Arcole, n’est pas forcément au cœur de la stratégie de Lefebvre Software, d’autant qu’Ares n’a pas annoncé la cession de la partie intégration. Mais l’éditeur convient qu’il fait partie de la négociation. De même, Vivianne Ribeiro assure qu’elle n’est pas fermée à l’idée de faire perdurer les partenariats signés par De Gamma avec les intégrateurs Aderhis et Cassioppae, qui pèsent environ 10% du CA intégration.

Les activités édition et intégration d’Arcole emploient environ 70 personnes (réparties à égalité entre Ares et De Gamma) et représentent un potentiel de 7 M€ de facturations annuelles supplémentaires pour Lefebvre Software (dont 3 M€ pour la partie licences et maintenance). Si l’opération aboutit, elle permettrait à Lefebvre de flirter avec les 40 M€ de chiffre d’affaires en année pleine. « Nous aurions la surface nécessaire pour soutenir une croissance plus européenne, notamment en accélérant notre développement en Italie et en Espagne où nous sommes déjà implantés mais encore peu visibles », glisse Vivianne Ribeiro.

De Gamma n’a jamais payé le prix convenu pour l’acquisition d’Arcole


Le prix demandé par De Gamma n’a pas été dévoilé mais celui-ci devrait selon toute probabilité faire une excellente affaire dans la mesure où il n’a, à notre connaissance, jamais versé le moindre centime pour le rachat d’Arcole. Officiellement, le montant s’élevait à 6 M€ réglable en trois échéances. Pour se payer de la première, d’un montant de 3 M€, Ares a conservé la somme qu’il avait encaissée pour la maintenance annuelle et dont il aurait normalement dû reverser les 9/12è (prorata temporis) à De Gamma.

Puis ce dernier s’est placé en redressement judiciaire, ce qui lui a permis de ne pas payer les deux échéances suivantes de 1,5 M€. Déduction faite des licences encaissées par Ares et conservées sous séquestre en attendant que De Gamma paye ses échéances, la créance de ce dernier atteignait 2,6 M€ au printemps 2009, date à laquelle les deux sociétés sont parvenues à un accord.

Selon nos informations, Ares aurait accepté de céder sa créance en échange du paiement cash de 650.000 € apportés par un investisseur. Un paiement dont nous n’avons toutefois pas trouvé trace dans le rapport financier 2009. Interrogé sur ce sujet Michel Berjamin a convenu dans une interview d’octobre dernier qu’il y avait bien eu transaction mais sans donner plus de détails.