Trop fragilisé par son redressement judiciaire de 2008 et incapable de recouvrer une exploitation positive, l’ancien fleuron de la distribution et des services IT, en liquidation, est en train de vivre ses dernières heures.

 

L’année 2010 avait pourtant paru commencer sous de pas trop mauvaises auspices pour Ares. Après dix-huit mois de descente aux enfers suite à sa mise en redressement judiciaire, la société parvenait en effet à boucler l’augmentation de capital sensée lui sortir la tête de l’eau. Certes, la somme récoltée était moins élevée qu’escompté mais cela aurait dû lui permettre de reconstituer ses fonds propres négatifs en attendant de trouver d’autres sources de financement.

Sauf que la société a accumulé 11 M€ de pertes opérationnelles supplémentaires durant son exercice 2009 (pour un chiffre d’affaires de 53,4 M€ en recul de 24%). Du coup, malgré l’augmentation de capital et le bénéfice exceptionnel lié aux abandons de créances, les fonds propres restent négatifs de 9,6 M€.

Une situation redibitoire pour ses clients, dont la plupart sont des grands comptes publics. Le code des marchés publics leur interdit en effet de passer des marchés avec des entreprises dont les fonds propres sont négatifs. Seule planche de salut pour Ares : trouver rapidement de capitaux frais et rétablir rapidement une exploitation positive.

Anticipant la perte de contrats importants sur une activité dégageant déjà des pertes récurrentes, la société cède son pôle infogérance d’infrastructures, qui représente environ un quart de son chiffre d’affaires, à SCC en avril. Dans le même temps, le PDG se met en quête d’un investisseur industriel susceptible d’apporter les fonds nécessaires à la survie d’Ares. Outre, la valeur non négligeable des actifs qu’elle détient encore, la société dispose d’un atout maître pour convaincre : son déficit reportable supérieur à 60 M€ qui permettrait à un éventuel repreneur de déduire jusqu’à 20 M€ de ses impôts.

Malheureusement, cette recherche d’investisseur est un échec. L’été passe sans que quiconque se déclare intéressé. Pendant ce temps la situation financière s’aggrave. Déjà en juin, lors de la publication du document de référence de la société, les commissaires aux comptes ne manquent pas d’attirer une première fois l’attention des actionnaires sur les risques relatifs au principe de continuité d’exploitation.

Durant l’été, Ares annonce être en négociations avec Lefebvre Software pour céder son activité intégration Arcole RH et Finance. Une négociation qui aboutira début septembre moyennant le paiement d’un montant de 1,85 M€. Mais fin septembre, alors que les résultats de son premier semestre se font toujours attendre, la société annonce qu’elle anticipe de nouvelles pertes de 11 M€ sur l’exercice.

Dès lors, tout s’enchaîne très vite. Lors de la publication de ses résultats semestriels, le 18 octobre, l’avertissement des commissaires aux comptes sur la continuité d’exploitation est cette fois très clair. Le 24 novembre, la société suspend sa cotation et annonce dans la foulée la vente de son activité intégration de logiciels Autodesk et PTC à Prodware. Le lendemain, la société se déclare en cessation de paiements. Trois jours plus tard, le tribunal de commerce prononce la liquidation avec poursuite d’activité de trois mois, le temps de trouver des repreneurs susceptibles de sauver une partie des 450 emplois restants.

Les candidats à la reprise ont jusqu’au 6 janvier pour déposer leur dossier. GFI serait sur les rangs et Feel Europe a manifesté son intérêt pour les activités assistance technique. Il faudra attendre fin février pour connaître exactement le nombre d’emplois sauvés. D’après des sources internes, il sera difficile d’en préserver au delà de 250. Après quelques jours de suspension, le site Internet de la société a recommencé à fonctionner.

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