Le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse a attribué le 14 mars un marché public pour équiper ses services centraux et les établissements supérieurs en solutions Microsoft. Son montant prévisionnel s’élève à 74 millions d’euros, avec un plafond fixé à 152 millions d’euros sur 4 ans. Cette nouvelle largesse envers l’éditeur américain n’a pas manqué de faire réagir.
« Alors que les relations transatlantiques actuelles devraient inciter nos administrations à la plus grande prudence concernant les solutions informatiques qu’elles choisissent, et les pousser à s’émanciper des géants américains, certaines d’entre elles persistent et signent sans vergogne », a critiqué sur LinkedIn le député de Vendée Philippe Latombe.
« Les décideurs ont fait fi des directives successives qui, depuis plusieurs années déjà, les alertent, voire leur interdisent, de continuer à utiliser ou choisir des solutions étrangères, non souveraines et, dans le cas qui nous intéresse, assujetties à l’extraterritorialité du droit américain », observe-t-il.
Le député a donc adressé une question écrite à la Ministre Élisabeth Borne, lui demandant de justifier une telle décision de son administration et l’appelant à dénoncer le contrat.
L’association Hexatrust, qui regroupe les acteurs français spécialisés dans la cybersécurité et le cloud de confiance, déplore pour sa part « un recul sans précédent dans la stratégie de souveraineté numérique française ».
« Comment justifier que l’on confie les données de notre système éducatif et de recherche à des solutions extra européennes en permanence ? », s’interroge son président Jean-Noël de Galzain. « C’est d’autant plus incompréhensible que la France dispose aujourd’hui d’une filière d’excellence en cybersécurité et en cloud souverain, capable de protéger nos infrastructures sensibles et d’offrir des espaces collaboratifs numériques qui respectent nos standards par conception », ajoute-t-il.
Hexatrust rappelle également qu’en 2022, le ministère avait pourtant formellement exclu l’utilisation des solutions Microsoft et Google dans les établissements scolaires en raison de préoccupations liées au Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Le Conseil National du Logiciel Libre (CNLL) dénonce enfin un marché « attribué sans mise en concurrence réelle » et qui « aggrave une dépendance technologique déjà excessive et dangereuse à un acteur américain, au mépris des solutions européennes et notamment open source, et au mépris des recommandations de la DINUM ». Il exige l’annulation du marché et la mise en place d’une enquête administrative indépendante.