À l’heure où les grands du secteur IT continue d’afficher des croissances à deux chiffres, Oracle semble être entré durablement dans une période de stagnation. La faute au rachat de Sun, estiment les analystes.

Oracle va publier ce 20 mars les résultats de son trimestre clos le 29 février et les analystes financiers qui suivent la valeur ne cachent pas leur pessimisme. Certes, après les résultats décevants du deuxième trimestre, qui avaient fait plonger l’action de plus de 15%, ils n’anticipent pas de mauvaise surprise par rapport aux consensus du marché. Mais avec une croissance attendue des ventes de seulement 2,5% par rapport à l’année dernière et une hausse de la profitabilité à peine supérieure, la performance d’Oracle est très en deça de celle des autres ténors mondiaux de l’IT tels IBM, VMware ou SAP.

Une panne de croissance que les analystes attribuent en partie au rachat de Sun début 2010. « En entrant sur le marché du hardware, Oracle s’est retrouvé en concurrence frontale avec les grands fabricants de matériels qui n’étaient autre que ses principaux revendeurs de bases de données », soulignent des analystes cités par Reuters. Des grands fabricants qui n’ont certes pas cessé de promouvoir les solutions d’Oracle mais qui le font probablement avec moins zèle.

Une divergence de stratégie qui s’est même transformée en guerre ouverte avec HP, jusque là son principal partenaire, après qu’Oracle ait décidé d’interrompre unilatéralement tout développement sur la plate-forme processeur Itanium. Une décision qui a certes précipité le déclin de la dite plate-forme (les ventes se sont effondrées de 30% à 40% selon les trimestres) mais sans pour autant doper sa propre plate-forme.

De fait, le relai de croissance attendu de l’activité hardware n’est jamais venu, les ventes n’ayant fait que décliner depuis le rachat (-14% sur son deuxième trimestre fiscal), comme le soulignait la semaine dernière le cabinet de courtage Jefferies & Co, cité par CRN. Celui-ci pointait notamment la faiblesse des ventes de sa solution Oracle Database Appliance (ODA), lancée en septembre dernier à destination du channel, qui n’a pour l’instant pas répondu aux attentes. Même déception pour les ventes de son système intégré de gestion d’entrepôts de données Exadata qui, après un bon démarrage, ont ralentit, et pour celles de son infrastructure cloud pré-intégrée Exalogic.

En France, Nicolas Legrand, directeur général d’Altimate, premier partenaire d’Oracle Hardware, note toutefois une progression significative (d’environ 40%) de ses ventes sur la période décembre-février. Une croissance due notamment au très bon démarrage des machines basée sur le nouveau processeur Sparc T4 et au décollage des ventes ODA. « On ressent un regain d’intérêt du marché depuis qu’Oracle a clarifié ses lignes produits, confirmé la continuité de Sparc et mis en place un programme partenaires motivant, déclare-t-il.

Mais les analystes de Wall Street identifient une autre menace à moyen terme : la concurrence grandissante de SAP et notamment de son système de gestion des données haute performance Hana, susceptible de s’imposer comme une alternative pertinente à son offre Exadata. Et depuis le rachat de Sybase, SAP n’a de cesse de porter ses applications sur sa base de données au détriment de celle d’Oracle.