Après des mois de tractations, Toshiba a finalement signé la vente de sa division mémoires pour 2 billions de yens (environ 18 milliards de dollars ou 15 milliards d’euros) à Pangea, un consortium mené par Bain Capital, où figurent Apple, Seagate, Kingston Technology, Dell, le Sud-Coréen SK Hynix et le groupe nippon Hoya, qui fabrique notamment des composants électroniques pour écrans LCD et disques durs. Hoya n’est pas le seul Japonais figurant dans l’accord puisque Toshiba conserve une participation qui lui accorde 40,2% des droits de vote de l’entreprise. Bain détiendra de son côté 49,9% et Hoya les 9,9% restants, les autres Américains ne détiendront aucun droit de vote. De son côté SK-Hynix s’est engagé à ne pas détenir plus de 15% des droits de vote pendant 10 ans. Ce montage satisfait Tokyo dans la mesure ou les Japonais resteront donc majoritaires (de justesse). D’autant que le fonds Innovation Network Corporation of Japan (INCJ) et la Development Bank of Japan (DBJ envisagent d’investir dans Pangea ou Toshiba Memory ultérieurement. L’entreprise sera dirigée conjointement par bain Capital et Toshiba.
Selon Bloomberg, Apple injectera 1,47 milliard de dollars dans Pangea, qui obtiendra par ailleurs 600 milliards de yens auprès d’institutions financières pour compléter le tour de table.
Toshiba garantit que SK Hynix n’aura pas accès aux informations sensibles de la nouvelle société. Ce montage ne satisfait toutefois pas Western Digital, qui souhaitait racheter la division mémoires du conglomérat en s’associant au fonds d’investissement KKR et à des partenaires japonais. Le spécialiste des solutions de stockage qui rappelle que SanDisk, dont il est désormais le propriétaire, est associé à Toshiba dans FlashAlliance (une co-entreprise qui développe et fabrique les mémoires Nand du Japonais) a en effet saisi la justice cet été pour bloquer le processus de vente, estimant que celle-ci ne pouvait se faire sans son consentement. Une épée de Damoclès menace donc la bonne fin de la transaction, et ce bien que Toshiba ait fait savoir que les activités de la joint-venture ne seront pas transférées à Pangea et que le prix d’achat serait ajusté en conséquence. D’après plusieurs observateurs, cet ajustement ne dépasserait toutefois pas 5% du montant annoncé. « C’est vraiment un pas en avant », a expliqué à Bloomberg Mana Nakazora, analyste chez BNP Paribas Tokyo en commentant l’opération. « Cependant, en tenant compte du litige avec Western Digital qui n’est pas résolu et en considérant la façon dont les choses se sont déroulées jusqu’à présent il convient de considérer la situation avec une certaine prudence. »