Toshiba échappe – du moins pour le moment – à la radiation de la bourse de Tokyo. Après de nombreux rebondissements et reports, ses commissaires aux comptes ont en effet certifié les résultats annuels du groupe tout en relevant une perte nette de 965 milliards de yens (environ 7,49 milliards d’euros) suite aux irrégularités de sa filiale nucléaire. Les commissaires ont d’ailleurs émis un avis défavorable sur la gouvernance du conglomérat, pointant des défaillances graves.

Toshiba a désormais moins d’un an pour redresser ses comptes, sans quoi il sera radié du Japan Exchange Group, la deuxième place boursière au monde après Wall Street. Le Japonais croît pouvoir revenir à l’équilibre rapidement. Il table même pour l’exercice en cours sur un bénéfice de 230 milliards de yens (environ 1,78 milliard d’euros). Au cours du premier trimestre de cet exercice il a d’ailleurs enregistré une hausse de plus de 8% de son chiffre d’affaires grâce à la bonne santé de sa division semi-conducteurs.

On notera tout de même que c’est sur la vente de cette entité, dont il pourrait tirer plus de 16 milliards de dollars, qu’il compte pour réduire sa dette. C’est selon de nombreuses rumeurs, la somme que proposerait le consortium qu’il a choisi. Celui-ci regroupe la Development Bank of Japan, le fonds d’investissements stratégique Innovation Network of Japan, l’Américain Bain Capital et le fabricant coréen de mémoire SK Hynix.

Une épée de Damoclès est cependant suspendue au-dessus de Toshiba. Après avoir saisi la Chambre Internationale de Commerce pour obtenir son arbitrage avec l’espoir de bloquer le processus de vente, Western Digital multiplie les recours juridiques. Le fabricant de disques durs rappelle en effet que SanDisk, dont il est désormais le propriétaire, est associé à Toshiba dans FlashAlliance, une co-entreprise qui développe et fabrique les mémoires Nand du Japonais. Le mois dernier une cour de justice Californienne a enjoint au conglomérat de ne pas céder la division sans en avertir l’Américain. A Tokyo on a aussitôt déclaré que cette injonction n’empêcherait pas la transaction. Mais une autre cour de Californie vient à son tour d’intervenir dans le débat, ordonnant à Toshiba de laisser aux salariés de WD le libre accès aux actifs et bases de données de la co-entreprise, ce que le Japonais refuse depuis quelques mois.

Ce dernier semble désormais dans une impasse. Il a en effet demandé à Bain Capital de lui avancer des fonds pour le tenir à flot. Le fond d’investissement de Mitt Romney a indiqué qu’il attendait pour cela que la situation juridique soit éclaircie. On voit en effet mal une entreprise contrôlée par un ancien candidat à la Maison Blanche s’opposer à la justice de son pays. Selon nos confrères de The Register, Toshiba aurait depuis relancé des discussions avec Foxconn qui propose de son côté de racheter la division mémoires pour 27 milliards de dollars, conjointement avec Apple et Dell. Il aurait par ailleurs entamé discrètement des négociations avec Western Digital. Suite au prochain numéro.