L’effondrement de la Silicon Valley Bank (SVB) le vendredi 10 mars a déclenché un vent de panique dans l’écosystème des start-ups et sur les marchés financiers mondiaux. Il n’aura fallu que quelques jours pour que la banque de la high-tech, devenue la 16ème banque des États-Unis, s’écroule comme un château de cartes après avoir révélé des pertes liées à ses placements à long terme et provoqué une panique bancaire, avec 42 milliards de dollars de retraits pour la seule journée de jeudi, obligeant le régulateur à fermer ses guichets.

Créée en 1983, la SVB a connu une rapide ascension durant la dernière décennie avec la politique des taux bas et le boom de la Tech favorisée par l’afflux massif de capitaux. Elle est devenue un bras armé des acteurs du capital risque, se présentant comme la « banque de référence des investisseurs » et ouvrant les vannes du crédit aux start-ups qui ouvraient des comptes chez elle. Avant sa chute, elle totalisait 209 milliards de dollars d’actifs et 175 milliards de dollars de dépôts. Sans être ordonnée, une telle faillite, la plus importante depuis la crise financière de 2008, mettait en péril le secteur technologique avec le risque de déclencher une nouvelle crise financière majeure.

Pour éviter l’embrasement, les autorités américaines ont annoncé pendant le week-end des mesures garantissant le retrait de l’intégralité des dépôts au lieu des 250 000 dollars de dépôts garantis de base par l’État. La Réserve fédérale (FED) s’est également engagée à prêter les fonds nécessaires à d’autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retrait de leurs clients. Lundi le président américain Joe Biden a pris la parole et déclaré que les américains pouvaient « avoir confiance » en un système bancaire « solide ». Il a toutefois tracé une ligne de partage entre les clients dont les dépôts sont garantis et les actionnaires qui ne seront pas « protégés », assurant par ailleurs que les contribuables ne seraient pas mis à contribution.

Ces actions n’ont pas empêché Wall Street d’ouvrir dans le rouge et aux places européennes de sérieusement corriger lundi par crainte d’un effet de contagion. Alors que les autorités américaines ont mis aux enchères SVB, sa filiale britannique SVB UK a au moins trouvé un repreneur. La banque HSBC a annoncé son acquisition pour une livre symbolique, permettant là encore de préserver les dépôts et de maintenir la continuité des services bancaires pour les clients britanniques.

Si le pire a sans douté été évité lundi et si les clients de SVP respirent après une semaine où ils ont risqué de presque tout perdre, la confiance est à nouveau sérieusement ébranlée. Les banques centrales se retrouvent face à un sérieux dilemme puisqu’en poursuivant le cycle de hausse des taux pour juguler l’inflation, elles contribuent à affaiblir le bilan des banques au risque de nouvelles faillites. Seront-elles acculées à baisser les bras ?