La Commission européenne a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête ciblant le géant allemand des logiciels d’entreprise SAP. Elle soupçonne la firme de Walldorf de fausser la concurrence sur le marché des services de maintenance et de support pour les versions sur site de son ERP.

L’enquête préliminaire met en cause quatre pratiques de l’éditeur allemand. Elle lui reproche d’abord d’obliger ses clients à souscrire à des services de maintenance et de support de même type pour toutes les composantes de son offre sur site. Une approche monolithique pouvant empêcher les clients de combiner différents niveaux de services et de recourir à des fournisseurs tiers.

Il est également reproché à l’éditeur d’empêcher les clients de résilier les services de maintenance et d’assistance pour les licences logicielles inutilisées. La durée initiale des licences ERP sur site serait par ailleurs systématiquement prolongée, alors que la résiliation n’est pas possible pendant cette période.

SAP imposerait enfin des frais dissuasifs aux clients qui recommenceraient à utiliser ses services de maintenance après avoir fait appel à d’autres prestataires.

« Nous craignons que SAP n’ait restreint la concurrence sur ce marché crucial de l’après-vente, en rendant la concurrence plus difficile pour ses concurrents, ce qui limiterait le choix des clients européens et augmenterait les coûts », a déclaré dans un communiqué Teresa Ribera, la commissaire européenne chargée de la concurrence.

« SAP estime que ses politiques et ses actions sont pleinement conformes aux règles de concurrence », a rétorqué le groupe allemand. « Cependant, nous prenons les problèmes soulevés au sérieux et travaillons en étroite collaboration avec la Commission européenne pour les résoudre », ajoute-t-il.

La Commission entend désormais mener une enquête approfondie mais SAP peut prendre les devants en proposant des engagements qui répondent aux préoccupations formulées.

Sur un tel dossier, SAP risque des amendes allant jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires mondial si l’entreprise est reconnue coupable. Pour rappel, son chiffre d’affaires était de 34 milliards d’euros sur le dernier exercice.

La Commission, très critiquée outre-Atlantique pour ses enquêtes sur les géants de la tech étasuniens, montre aussi qu’elle ne fait pas deux poids deux mesures avec les géants européens.