Le virage est pris : lors de Sapphire Orlando, sa grand-messe aux Etats-Unis, SAP met clairement le cap sur les nouveaux segments de marché (BO, Sybase, SuccessFactors, Hana). Quitte à ne plus parler d’ERP.

 

SAP a beau avoir 40 ans, « depuis le rachat de SuccessFactors, c’est comme si nous en avions 20 », s’exclame Jim Snabe (en photo ci-dessus). Après l’intervention lundi de l’autre co-Pdg de la société Bill McDermott – centrée sur le contexte macro-économique et le dialogue avec les clients -, c’est au Danois qu’est revenu la tâche de dresser la vision stratégique du premier éditeur européen sur Sapphire, l’événement que l’éditeur organise cette semaine à Orlando (Floride). Une vision où le mot ERP a totalement disparu. Pour Jim Snabe, la stratégie de l’éditeur est désormais fondée sur l’apport d’innovations dans 5 domaines : la mobilité (où SAP a racheté Sybase), l’analytique (BO), l’applicatif (qui a fait la réputation de la société), le Cloud (SuccessFactors) et, enfin, les technologies et en particulier les bases de données (où SAP nourrit l’ambition de devenir le n°2). Le tout s’appuyant sur le socle technologique que promeut l’éditeur : Hana, une technologie d’accélération de l’accès aux données via leur stockage en mémoire. 

Pour Jim Snabe, « les entreprises doivent réaliser que la valeur se situe dans l’applicatif et non dans les bases de données. Avec Hana, nous voulons inclure les bases de données dans l’applicatif. En stockant l’ensemble des données de l’organisation, Hana permet de réduire la complexité des infrastructures informatiques, donc les coûts. Ce qui libère des investissements pour l’innovation. A l’inverse, si une partie seulement des données est stockée en mémoire, la complexité ne diminue pas ; elle augmente ». Une saillie qui vise évidemment le principal concurrent de SAP, Oracle, dont la base de données est employée par une large partie des utilisateurs de l’ERP de l’éditeur européen.

Consolider l’ERP et la BI

Si SAP met résolument ses innovations – issues de ses rachats ou de ses propres développements – au centre de sa stratégie, c’est que de celles-ci dépend la capacité de l’éditeur à atteindre les objectifs financiers qu’il s’est fixé : atteindre le seuil de 20 milliards d’euros de CA en 2015. Reste à convaincre les entreprises, plongées dans un climat économique incertain. D’où les trois recommandations que Jim Snabe a livré au public de Sapphire. D’abord la consolidation des applications cœur (ERP mais aussi BI). Le Pdg a rappelé que SAP avait fait ce travail tant sur ses applications de gestion – avec une Business Suite qui ne subira pas de mise à jour majeure avant 2020, les nouveautés fonctionnelles étant amenées via des packages d’amélioration (Enhancement Packages) – que sur le décisionnel. « C’est une opportunité de libérer du capital pour investir dans l’innovation », a martelé Snabe. Un encouragement à réduire les dépenses dans les fonctions cœur de l’ERP qui aurait été incongru dans la bouche d’un dirigeant de SAP voici seulement quelques années. 

Second « conseil » du dirigeant : arrêter de scruter le passé pour commencer à prédire le futur. Une allusion aux apports de Hana. Jim Snabe a d’ailleurs détaillé l’utilisation de l’appliance dans le diagnostic du cancer. Dans la phase de comparaison de la pathologie spécifique d’un patient avec d’autres cas déjà traités, la technologie permet de réduire les délais de 3 jours… à 1 minute. Et les coûts de 100 000 dollars à quelque 4 000, selon les chiffres cités par le dirigeant. Enfin, le Pdg a insisté auprès des DSI sur la capacité à exploiter pleinement les réseaux, à faire de la mobilité et du Cloud une réalité dans leur organisation, les appelant à prendre en compte la diversité des terminaux mobiles (via une plate-forme gérant cette problématique, un marché sur lequel l’éditeur se positionne depuis le rachat de Sybase) et à garder le contrôle de leurs déploiements dans le Cloud. Un segment qui, selon lui, est en train d’évoluer avec la naissance de nouvelles formes de collaboration inter-entreprises dans le Cloud. « Ce pourrait être un nouveau champ d’innovations pour SAP », a expliqué Jim Snabe. L’éditeur s’est déjà positionné sur ce créneau avec le rachat de Crossgate, spécialisé dans l’échange de documents et de données pour des réseaux de partenaires. En attendant une offensive plus affirmée ?

 

Egalement sur LeMagIT :

Steve Ballmer parmi les pires Pdg américains  

Sécurité : des vulnérabilités moins nombreuses, mais plus graves