Gartner a changé son fusil d’épaule cette année. Son quadrant magique consacré au cloud IaaS (Magic Quadrant For Cloud IaaS) a vu son périmètre élargi au services PaaS (plateforme sous forme de service), qui intègre notamment les bases de données sous forme de service, les fonctions en tant que service et les plateformes de développement sous forme de service. Le quadrant magique a donc été rebaptisé : services d’infrastructure et de plateforme cloud (Cloud infrastructure and platform services CIPS).

En pratique, ça ne change pas grand-chose en termes d’acteurs référencés. On retrouve les mêmes six acteurs de l’année dernière (AWS, Microsoft, Google, Alibaba, Oracle, IBM). Seul nouveau venu : le chinois Tencent qui fait son entrée dans le carré des acteurs de niche. Rien ne change non plus en termes de répartition. D’un côté, les trois mêmes acteurs classés dans le carré des leaders (AWS, Microsoft et Google) et de l’autre les autres, tous dans le carré des acteurs de niche.

Ce qui évolue en revanche, c’est la nature des offres proposées. Si tous les acteurs référencés sont au départ des fournisseurs de services cloud public, Gartner note qu’ils proposent également ou sont en train de créer des offres de cloud privé industrialisé s’appuyant sur des infrastructures standardisées et des outils de pilotage cloud. Le but est bien-entendu de permettre aux clients de combiner les deux modèles de service en fonction de leurs besoins. Gartner parle de « cloud distribué » lorsqu’un fournisseur gère à la fois des infrastructures de cloud public et privé.

Comme à son habitude, Gartner liste les atouts et les faiblesses de chacun. L’occasion de réviser quelques idées préconçues. Gartner reconnaît par exemple à AWS une avance indéniable dans de nombreuses dimensions critiques du marché des services d’infrastructure et de plateforme cloud. Il le crédite de la plus grande part du marché mondial dans les offres IaaS et PaaS de base de données et lui attribue la capacité à concevoir des solutions de bout en bout, allant du silicium dans ses serveurs, aux systèmes d’exploitation embarqués en périphérie en passant par la pile complète des logiciels entre les deux.

Mais le cabinet d’étude note les préoccupations croissantes de ses clients et partenaires devant l’hégémonie d’Amazon et d’AWS et les réserves des développeurs qui constatent que AWS tire avantage de l’open source pour un large éventail de son offre, sans contribuer matériellement à l’open source. Gartner note également l’effet de halo trompeur que la position de leader d’AWS dans l’IaaS et les bases de données sous forme de service crée pour ses autres offres. L’organisation d’AWS en unités semi-autonomes crée des incohérences entre les produits, estime ainsi Gartner.

À Microsoft, Gartner reconnaît des solutions convaincantes pour les environnements Edge et hybrides, des capacités en matière de conteneurs et de serverless, sa bonne performance dans tous les cas d’usage, ses efforts dans le logiciel libre, sa position de leader sur le segment des développeurs d’applications PaaS avec Azure DevOps et Github, la qualité de son environnement de développement d’applications hébergé dans le cloud Microsoft Visual Studio Codespaces.

Mais Gartner souligne son faible ratio de zones de disponibilité par région et émet des réserves sur l’architecture globale et à la mise en œuvre d’Azure. Gartner remarque que Microsoft ne fournit aucune garantie de capacité aux clients ; même dans le cadre des accords prépayés et des instances réservées. Lors du confinement, Microsoft a été dans l’incapacité de fournir les instances qu’un certain nombre de clients avaient réservées et payées. Le support unifié de Microsoft peut être très coûteux, en particulier pour les clients n’ayant pas toujours bénéficié de services de support couvrant l’ensemble de leur portefeuille Microsoft. Et certains clients se plaignent de la qualité du support technique Azure.

Quant à Google, Gartner salue ses contributions open source telles que Kubernetes et TensorFlow, qu’il considère comme des innovations révolutionnaires ayant changé le cours de l’informatique d’entreprise, l’augmentation notable de sa part de marché sur le IaaS et de dbPaaS, les capacités de ses services BigQuery et Dataproc en matière de Big Data et de science des données, et le potentiel d’Anthos en matière de développement et le déploiement d’applications cloud en mode hybride.

Gartner prévient toutefois certains clients restent prudents quant à l’engagement de Google à répondre aux attentes des entreprises. Google Cloud Platform (GCP), manque de capacités en matière de plateforme applicative PaaS et de support pour Oracle. Enfin, les capacités réseau tant vantées de Google ont été à l’origine d’un certain nombre de pannes de Google Cloud Platform au cours de l’année dernière, avec un impact dévastateur sur les clients, signale Gartner.