Jan Dawson, analyste en chef du secteur télécoms chez Ovum, vient de publier une note annonçant l’échec de BlackBerry 10 et la mort lente de RIM. Sans être totalement dénuée de fondements, la charge

est sévère et peu charitable à l’encontre du fabricant canadien.

« Deux facteurs majeurs ont œuvré contre RIM au cours des deux dernières années : les entreprises n’achètent plus la majorité des smartphones vendus aujourd’hui, et les particuliers choisissent de manière écrasante d’autres terminaux que les BlackBerry lorsqu’ils prennent leur décision ». considère-t-il non sans raison. Le premier phénomène ne peut selon lui être arrêté. Le second pourrait en principe être stoppé à condition que RIM ait une bonne approche du marché, ce qui n’est, selon Jan Dawson, pas le cas, le fabricant ne semblant s’intéresser qu’aux 80.000 utilisateurs existants. « Il est clair pour nous, écrit-il, que l’intention de RIM consiste à faire de BlackBerry 10, le meilleur BlackBerry pour les utilisateurs de BlackBerry, plutôt que de gagner les convertis aux autres plateformes. » Il reproche au fabricant de mettre en avant des points de différenciation tels que « le multitâche, la productivité, l’email, la gestion des contacts, l’agenda, etc., plutôt que le jeu, la consommation de contenus ou les réseaux sociaux ».

Sur les marchés matures, la sortie de BB 10 devrait donner un coup de fouet aux résultats au moins pendant les deux premiers trimestres 2013. Il ne s’agirait selon Jan Dawson que d’une embellie passagère avant que la société n’entame une longue agonie de plusieurs années. D’autant que le relais de croissance que constituent les pays émergents serait condamné à plus ou moins court terme.« Il existe quelques rayons de soleil dans les pays émergents, où les terminaux BlackBerry sont devenus un symbole d’appartenance à la classe moyenne comme ce fut naguère le cas sur les marchés matures. Toutefois les terminaux y sont à bas prix et basés sur BB7, le prédécesseur de BB 10, destiné à la casse à moyen terme », affirme l’analyste qui estime qu’il est impossible d’intégrer BB 10 dans un terminal bon marché, ce qui n’est pas le cas avec Android.

« Nous ne croyons pas à une sortie rapide du marché. Sans dettes, avec 80 millions de souscripteurs  et un retour à la profitabilité au cours des derniers trimestres, la société peut continuer dans cette veine pendant plusieurs années. Cependant ses jours de gloire sont derrière elle et ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle n’atteigne sa fin naturelle », conclut le Chief Telecoms Analyst. Les paris sont ouverts.