Drôle de situation pour OVH. Depuis un mois, l’hébergeur n’est plus en mesure de livrer aucun serveur dédié à ses clients. Une situation de « sold out » qui a débuté dès le début du mois d’août sur les configurations d’entrée de gamme et qui s’est progressivement étendue à toute la gamme début septembre.

Explication invoquée au départ : une demande surpassant largement la capacité de production de l’hébergeur. Celui-ci a en effet mis en vente au début de l’été de nouvelles offres à des rapports performance-prix défiant toute concurrence. Du coup, ça a été la ruée. Selon son dirigeant Octave Klaba, l’hébergeur a connu un mois d’août record avec près de 20.000 serveurs livrés (à comparer au 30.000 livrés sur toute l’année 2012). Incapable de faire face à la demande, OVH a laissé filer les délais. Ceux-ci se d’abord comptés en heures, puis en jours et enfin en semaines. D’où la décision de suspendre momentanément la commercialisation.

Mais derrière cet apparent souci de cadence de production, c’est en réalité un problème plus profond  qui est révélé : l’hébergeur est confronté à une accélération de son turnover qui met en péril son modèle économique. Explication : les offres OVH sont sans engagement, ce qui pousse les clients de serveurs d’ancienne génération à migrer vers des configurations plus récentes. Un mauvais réflexe qui s’est systématisé au point que l’hébergeur ne parvient plus à rentabiliser ses investissements, comme l’a expliqué le dirigeant dans un post de blog paru le 23 septembre à ce sujet.

Le dirigeant est même allé jusqu’à accuser certains clients de contourner sciemment la limite de commande (fixée à trois serveurs par personne morale ou physique) pour constituer des stocks d’infrastructures destinées à la revente, comme le remarquait ZDnet dès le 8 août dans un article consacré à cette affaire

Dans son post du 23 septembre, Octave Klabar expliquait que la commercialisation des serveurs dédiés serait rétablie sous quelques semaines, le temps de réfléchir à un nouveau modèle susceptible de limiter le turnover et les abus de certains. Très attendu hier sur ce sujet, à l’occasion de son Summit, qui réunissait plus de 2000 personnes, l’hébergeur s’est contenté de répéter que le service devrait reprendre d’ici quelques semaines sans préciser de délai. En attendant, les clients s’impatientent et sont de plus en plus tentés d’aller voir ailleurs.

Une affaire du plus mauvais effet à l’heure ou la société ne cache plus ses ambitions internationales. OVH, qui devrait passer les 200 M€ de chiffre d’affaires cette année, a ainsi annoncé 300 nouveaux recrutements et 200 M€ d’investissements dans les deux années à venir pour alimenter sa croissance.