« Oracle est trop optimiste sur la profitabilité de son activité de vente de logiciel en mode SaaS ». Cette conclusion d’une note publiée par Walter Pritchard, analyste spécialisé en technologies chez Citigroup peut-elle s’appliquer au modèle SaaS en général ?

Après avoir boudé, voire moqué, le mode SaaS, Oracle a renversé complètement la vapeur et mis les bouchées doubles pour évoluer vers le SaaS. Résultat, lors de son 4e trimestre clos le 31 mai, la firme de Larry Ellison a enregistré une forte croissance des revenus SaaS/PaaS de 29 % par rapport au 4e trimestre de l’année précédente pour atteindre 416 M$ alors que les revenus des ventes de licences ont diminué de 17 % à 3,1 milliards de dollars (- 10 % en dollars constant). Mais ce beau résultat ne pouvait masquer le fait que les résultats n’étaient pas à la hauteur des analystes (qui il est vrai en veulent toujours plus !). Sachant que les résultats du 4e trimestre sont traditionnellement les plus forts car les commerciaux mettent la pression sur les clients pour boucler l’exercice fiscal dans de bonnes conditions et pour réaliser les meilleurs bonus possibles. Oracle a tout de même engrangé 2,8 milliards de dollars de bénéfices sur un chiffre d’affaires de 10,7 milliards. Une rentabilité dont se contenteraient nombre d’entreprises.

Du coup, le cours de l’action a fait une chute brutale en passant sous la barre des 40 dollars qu’il ne semble pas en mesure de remonter. Cette transition vers le cloud (SaaS ou PaaS) n’est pas un effet de mode mais une tendance de fond qui devrait se développer et constituer à terme la plus grande partie, voire la totalité. Or c’est là que le bât pourrait blesser. Larry Ellison s’était montré très confiant sur le modèle du SaaS. Il avait même déclaré qu’il espérait trois fois plus de revenus du cloud sur la durée d’un contrat cloud. Safra Catz, coCEO de l’éditeur avait alors expliqué que 1 M$ en vente de licence pouvait générer 3M$ parce que les clients payaient pour des contrats de support. Mais 1 M$ de contrat en mode SaaS génèrerait 10 M$ parce que les clients devront payer aussi longtemps qu’ils souhaiteront utiliser le logiciel.

C’est là où la note de l’analyste de Citigroup refroidit un peu l’ambiance. Le message général est simple et clair : « Oracle est trop optimiste sur ses projections de revenus cloud » et les prévisions d’Oracle relèveraient donc plus de la fable de « La laitière et le pot au lait » que d’une analyse minutieuse du modèle SaaS. Côté chiffres, cela prendrait 5 ans pour générer autant de chiffre d’affaires en mode SaaS pour les applications financières qu’en mode vente de licence. Pour les applications HR/HCM et CRM, le point d’équilibre ne serait atteint que respectivement après 8 et 10 ans en raison des tarifs plus agressifs pratiqués par Oracle pour mieux contrer les concurrents. Sur le marché historique des bases de données où les parts de marché sont assez bien établis, il faudrait entre 2 et 5 ans pour atteindre la parité entre les deux modes.

Pour établir ses calculs, Walter Pritchard a retenu l’hypothèse d’une réduction de 33 % par rapport au prix catalogue des licences et de la vente au prix catalogue des solutions en mode cloud (voir graphique ci-dessous). Evidemment, ces calculs devraient être affinés afin de correspondre plus précisément à la réalité. Ce qui est difficile puisqu’Oracle comme tous les éditeurs ne donnent pas d’indications sur leurs pratiques commerciales. L’article de Business Tech (Oracle is ‘too optimistic on profitability of the cloud business’ according to this analysis) indique que Citigroup rapporte qu’Oracle proposerait une ou deux années gratuites d’abonnement à ses clients pour tester ses logiciels en mode SaaS ce qu’Oracle n’a pas évidemment commenté.

Cette analyse réalisée sur le cas Oracle peut-elle se généraliser à l’ensemble des éditeurs de logiciels qui, qu’ils le souhaitent ou non, vont tous devoir passer au mode SaaS. A supposer qu’elle comporte une part de vérité, c’est donc une modification substantielle à venir dans la profitabilité de l’activité d’éditeur de logiciels qui devrait peut-être être revue, vraisemblablement à la baisse.

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