Sun contribue déjà à gonfler le bénéfice d’Oracle, martèlent les dirigeants du second éditeur mondial. Mais au prix d’une cure minceur que ne renieraient pas les magazines féminins à l’approche de l’été, serait-on tenté d’ajouter…

 

Les portes-parole d’Oracle n’ont pas manqué de claironner la nouvelle, lors de l’annonce des résultats annuels d’Oracle en fin de semaine dernière. Sun, le constructeur californien absorbé par l’éditeur, a contribué à hauteur de 400 millions de dollars à la marge opérationnelle du groupe lors de son quatrième trimestre fiscal (clos fin mai). « Ce résultat est à rapprocher des pertes réalisées par Sun pour son trimestre fiscal clos en juin 2009 (perte de 147 millions de dollars, NDLR), en tant que société indépendante, a expliqué Safra Catz, présidente d’Oracle. Maintenant que Sun est profitable, nous sommes confiants dans notre capacité à atteindre ou dépasser nos objectifs ». Ces derniers prévoient que Sun contribuera au résultat d’exploitation du groupe à hauteur de 1,5 milliard de dollars pour l’année fiscale qui vient de débuter et à hauteur de 2 milliards pour la suivante.

Ce triomphalisme laisse de côté la sévère cure d’amaigrissement qu’a subi le constructeur. En effet, au cours de ce trimestre fiscal, Sun n’a généré que 1,83 milliard de chiffres d’affaires (dont 600 millions environ pour le support). Rappelons que, sur son année fiscale 2009 (cloturée fin juin 2009), la dernière pour laquelle on dispose de chiffres complets, Sun avait réalisé un CA de 11,45 milliards de dollars. Si on se réfère au trimestre fiscal évoqué par Safra Catz (avril à juin 2009, une période pas réellement florissante pour les ventes de serveurs !), l’activité de Sun atteignait encore 2,62 milliards.

La fin des activités de revente

Les choix de l’équipe dirigeante d’Oracle sont donc clairs, comme le laissait entendre un article récent du site d’information The Motley Fool : priorité à la rentabilité de court terme, quitte à tailler dans le vif. Safra Catz a ainsi confirmé avoir mis un terme aux activités de revente de matériels d’autres constructeurs, qui représentaient plusieurs centaines de millions de dollars dans l’activité de Sun. Rappelons encore que, comme nous l’avions révélé dès le mois d’avril, Oracle s’apprête à rayer d’un trait de plume l’offre de serveurs de Sun basée sur des puces AMD. Selon un document transmis début juin au gendarme des bourses américaines, Oracle va également accentuer ses réductions d’effectifs en Europe et en Asie, l’éditeur ayant annoncé budgéter entre 550 et 650 millions de dollars supplémentaires en frais de licenciements. Ce qui annonce au moins 5 000 suppressions de postes de plus. Même si Oracle continue à marteler, par la voie de Charles Phillips, que sa priorité consiste à muscler les forces de ventes de Sun en recrutant 2 000 personnes.


Ventes de licences au beau fixe

En dehors du redressement des comptes de Sun – qui reste discutable, d’autant qu’en norme GAAP, le constructeur continue à réduire la marge opérationnelle du groupe -, Oracle signe un quatrième trimestre fiscal 2010 de belle facture. Le chiffre d’affaires bondit de 39 % (à 9,6 milliards de dollars) grâce à l’absorption de Sun. Surtout, les ventes de licences, indicateur clef de la santé d’un éditeur, sont bien orientées, progressant de 14 % sur un an (à 3,1 milliards). Soit à un rythme plus rapide que les activités de maintenance (+ 12 %, à 3,4 milliards).

Sur l’année fiscale dans son entier, le chiffre d’affaires progresse de 15 %, à 26,8 milliards de dollars. Avec des ventes de licences qui ont progressé de 6 % sur l’année. Malgré les effets du rachat de Sun, la machine à dégager du cash qu’est Oracle ne s’est nullement enrayée : le bénéfice net de l’éditeur sur cette année fiscale a progressé de 10 % à 6,1 milliards de dollars.


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