En trois mois, nVidia a perdu plus de 50% de sa valeur en bourse, revenant à une capitalisation de l’ordre de 81 milliards de dollars après être monté à 175 milliards fin septembre. La chute est certes spectaculaire mais elle nécessite d’être relativisée si l’on considère qu’il y a moins de trois ans, la capitalisation du constructeur de cartes graphiques était de l’ordre de 15 milliards de dollars. Soit 5 fois moins qu’aujourd’hui. Depuis cette époque, ses revenus ont quasiment doublé et ses bénéfices ont quintuplé à 3 milliards de dollars pour l’exercice clos le 28 janvier 2018.

Son niveau de valorisation actuel ne paraît donc pas anormal. C’est plutôt celui que la société avait atteint en septembre qui l’était. La hausse de son cours de bourse avait été porté dès la fin de l’année 2016 par celle des cryptomonnaies. La valeur du Bitcoin était ainsi passée d’environ 550 € début octobre 2016 à 16.671 € le 18 décembre 2017. Une inflation qui avait fait exploser le minage de bitcoins et donc la demande de cartes graphiques.

Mais il n’y avait pas de corrélation entre cette hausse de sa capitalisation boursière et le poids réel des cryptomonnaies dans son activité. Au plus fort de la vague crypto, les ventes induites n’ont pas dépassé 10% du chiffre d’affaires. Et elles se sont écroulées dès le second trimestre de l’exercice fiscal en cours, autrement dit sur la période mai-juillet 2018, suivant l’effondrement du cours du Bitcoin entamé fin décembre 2017.

Pendant les premiers mois, la capitalisation du constructeur n’en a pas paru affectée, continuant de caracoler autour de 170 milliards de dollars. Il faut dire que malgré le coup d’arrêt des ventes liées au minage de cryptomonnaies, les ventes et les bénéfices ont continué de progresser. Le constructeur a ainsi affiché une progression de 40% de ses revenus sur son deuxième trimestre clos fin juillet et une hausse de 50% de son bénéfice net.

Mais, comme on l’a vu, la capitalisation a commencé à fondre à partir de la fin septembre. Et l’annonce mi novembre d’une révision à la baisse de ses prévisions pour le quatrième trimestre fiscal n’a fait que renforcer la tendance. Les ventes devraient ainsi reculer de 7% à 2,7 milliards de dollars alors que le marché attendait 3,4 milliards de dollars de revenus. Et cette fois, ce n’est pas les cryptomonnaies qui sont en cause mais un ralentissement global de la demande pour les semi-conducteurs.