La nouvelle est tombée ce matin par communiqué de presse : NextiraOne acquiert Nware, société de 60 personnes réalisant près de 10 M€ de chiffre d’affaires, spécialisée dans les services d’infrastructure et la virtualisation. NextiraOne précise que cette acquisition va lui permettre d’élargir son activité de conseil, d’expertise et de services autour des datacenters. Mais ce que le communiqué ne dit pas, c’est que cette acquisition est en réalité une reprise dans le cadre d’une procédure de cession prépack. Sorte de cession judiciaire à huis clos, la cession prépack permet à une entreprise en difficulté de négocier au préalable une cession partielle ou totale d’actifs qui est ensuite mise en œuvre dans le cadre d’une procédure collective flash. Cette procédure permet notamment de minimiser la perte de valeur des actifs liée aux procédures de cession judiciaire classiques. La cession de Nware s’est donc jouée dans le cadre d’un redressement judiciaire jugé début mai et dont les modalités avaient été négociées à partir de février.

Chez Nware, on ne s’épanche pas sur les raisons de ces difficultés financières mais on suggère que la diversification entamée il y a deux ans vers la cybersécurité a pu être l’une des sources du problème. Toutefois, c’est surtout  d’une croissance mal maîtrisée que la société a vraisemblablement le plus souffert. En 2013, alors qu’elle ne pesait encore que 3,5 M€ de chiffre d’affaires annuel, la société a racheté sa consœur Orbyte, ce qui lui aurait permis d’atteindre les 10 M€ de chiffre d’affaires en 2014. Mais, cette opération a semble-t-il laissé la trésorerie exsangue sans que les résultats escomptés, notamment en termes de croissance, soient au rendez-vous. La mauvaise conjoncture et un sureffectif récurrent ont fait le reste.

Malgré ses difficultés financières et la procédure collective, Nware a su faire monter les enchères. Le prix payé par NextiraOne pour s’emparer des actifs Nware serait, d’après nos informations, proche de la valeur qu’auraient eu ces actifs si la transaction s’était déroulée en dehors du cadre judiciaire. La société a en effet reçu un grand nombre de marques d’intérêt, notamment de la part de la société de services d’infrastructures francillienne Ozitem et du lyonnais DCS, spécialisé dans l’intégration et l’exploitation de systèmes, et dont les expertises – datacenter, réseaux et sécurité – rejoignent celles de Nware. Dans le cadre de la procédure collective proprement dite, il y a eu plusieurs tours d’enchères, faisant presque doubler le prix entre le tour initial et le tour final, rapporte un participant. NextiraOne, qui ne faisait pas partie des candidats déclarés au premier tour a su s’imposer en suscitant l’adhésion des collaborateurs de Nware à son projet. « La valeur de Nware reposant sur l’expertise de ses collaborateurs, leur voix a donc été déterminante dans le choix du repreneur », constate Jean-Maurice Fritsch, président du directoire de NextiraOne.

L’effectif de Nware va ainsi rejoindre sa filiale NextiraOne Experts, spécialisée dans le conseil et le pilotage des projets, et actuellement constituée de 90 collaborateurs. Au sein de cette filiale, Nware devrait rester une entité autonome (sous sa marque), toujours sous l’autorité de son actuel dirigeant, Mehdi Bouaziz. Damien Peschet, son associé, qui avait déjà pris ses distances avec l’entreprise depuis plusieurs mois, ne participera pas à l’aventure. NextiraOne compte sur l’expertise de Nware dans la virtualisation et la transformation des systèmes d’information pour renforcer sa capacité à adresser des contrats globaux associant réseaux, télécoms et IT. NextiraOne compte également s’appuyer sur Nware pour développer son expertise sur le marché émergent de la virtualisation des réseaux.

Pour l’anecdote, Nware avait approché Butler Industrie, l’actionnaire de NextiraOne, peu avant cette procédure prépack pour tenter un rapprochement. Mais Butler n’avait pas donné suite.