En réponse à notre article Nextiraone : comment regagner la confiance des fournisseurs ? Philippe Hedde est sorti de sa réserve pour démentir certains points et préciser la stratégie du nouveau NextiraOne.
Non, il n’y a ni baisse de l’activité, ni hémorragie de compétences. Philippe Hedde, DG de NextiraOne, a tenu à le dire bien haut : ceux qui ont cru déceler une distraction de ses équipes et un début de fuite des talents, se trompent. Tout simplement.
C’est même exactement l’inverse : si l’entreprise a bien fait de la décroissance jusqu’à l’année dernière, depuis le début de l’année, elle a renoué avec la croissance. Sur les cinq premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires a progressé de 3% par rapport à la même période de l’an dernier, assure-t-il. Et il affirme n’avoir enregistré aucune démission : « toutes les équipes sont là, y compris les managers, aussi bien du côté technique que commercial. Et nous continuons à recruter. »
Philippe Hedde reconduit dans ses fonctions de DG
Le DG, qui a été reconduit dans ses fonctions par le nouvel actionnaire le 24 juin – ainsi que son équipe – tient également à rassurer le marché concernant les fournisseurs et les clients : « l’intégralité de nos fournisseurs, notamment Alcatel, Cisco, Genesys, nous ont confirmé souhaiter continuer à travailler avec nous et aucun de nos clients ne nous a laissé tomber », poursuit-il.
Sans surprise, les fournisseurs que nous avons interrogés contredisent quelque peu cette présentation des faits. « L’annonce de la reprise par Butler est trop récente, commente l’un d’eux. Nous n’avons encore reçu aucun papier signé et nous ne connaissons pas encore officiellement les conditions de reprise. Difficile dans ces conditions d’affirmer que nous allons continuer à travailler ensemble ». « Bien sûr, c’est probable, poursuit-il un brin amer. Si l’on veut compenser une partie de la perte subie, il faudra recréer un business. Mais il faudra d’abord que les assurances crédit et les financiers en général remettent de l’encours dessus. Pour l’instant, personne n’a bougé. »
Butler veut faire de Nextiraone une plateforme de consolidation du marché
Pour convaincre les uns et les autres de renouveler leur confiance à l’entreprise, Philippe Hedde décrit le projet de Butler comme un projet « offensif » consistant à faire de NextiraOne « une plateforme de consolidation du marché ». L’analyse du repreneur est en effet que le marché va rapidement se concentrer et que NextiraOne, « avec un outil de maintenance, de logistique et de prise de projets en ordre de marche », va être acteur de cette consolidation en étant en mesure « d’accueillir, mieux que d’autres, les intégrateurs télécoms qui n’auraient pas la taille critique », explique Philippe Hedde.
Ce dernier présente également le projet Butler comme un projet industriel, basé sur quatre axes : la sécurité, les centres de contacts, la collaboration et les réseaux Wan et la Cloud. Enfin, le directeur général indique que Butler s’est engagé à développer l’entreprise sans échéance de temps précise. Il rappelle que Butler est resté ainsi 18 ans au capital d’Osiatis – faisant passer la société de 800 à 4.600 collaborateurs – avant de finir par l’adosser à Econocom et de devenir au passage le deuxième principal actionnaire de la société de services et de distribution.
Une capacité de redressement incontestable
Une capacité de redressement que les fournisseurs ne mettent pas en doute. « Si Butler reprend c’est qu’il estime que l’entreprise est viable en termes d’exploitation ». Y compris avec près de 1.400 collaborateurs – même si d’aucuns voient l’effectif diminuer à environ 1.000 personnes.
Les capacités de Philippe Hedde et de son équipe ne sont pas non plus remises en question : « il est parvenu à redresser le résultat et il a pris la bonne décision en optant pour le redressement judiciaire. Sans quoi, l’entreprise n’aurait jamais été reprise. » Quant au financement de la relance de l’activité, ils ne sont pas inquiets non plus au vu des créances clients – que certains estiment à 30 M€ – et des crédits d’impôts que Butler va pouvoir récupérer.
Reste à croiser les doigts pour que la mayonnaise prenne. Car il y a près de 1.400 emplois en jeu et, cette fois, les fournisseurs ne prendront pas de risque.