L’investisseur activiste Carson Block, qui accusait en décembre dernier le groupe d’être impliqué dans des transactions s’apparentant à du blanchiment en lien avec le crime organisé, des mouvements de fonds illégaux et des abus de biens sociaux persiste et signe : Solutions 30 est une société problématique. Selon lui, le fait que le cabinet EY Luxembourg ait refusé de certifier les comptes 2020 en est la preuve et devrait suffire à faire peur. « L’affaire Solutions 30 est potentiellement aussi grave que l’affaire Wirecard. Il est possible qu’une partie des profits n’existe tout simplement pas », affirme-t-il dans une interview accordée aux Echos.

Le patron du fonds spéculatif Muddy Waters rudoie tout particulièrement le conseil de surveillance de la société, dont il met en doute l’indépendance. « Je n’ai jamais vu un conseil de surveillance soutenir si fortement une société qui a été épinglée de cette façon par ses auditeurs »,

Le vendeur à découvert critique aussi le morcellement du contrôle du marché financier européen et le comportement des investisseurs du Vieux Continent, lesquels selon lui « ont tendance à se boucher les oreilles quand une information perturbante circule sur les marchés ».

Solutions 30 a toujours fermement nié les accusations portées à son égard. Pour restaurer la confiance, le conseil de surveillance a confié un audit indépendant aux cabinets Didier Kling Expertises & Conseil et Deloitte. Ces derniers ont confirmé le caractère infondé des accusations portées contre le groupe. Ils ont toutefois formulé « des recommandations afin de simplifier et de renforcer certaines procédures internes de la société pour une plus grande transparence et une sécurisation des transactions ».

En désaccord avec la position d’EY Luxembourg, qui lui reproche de ne pas mis à sa disposition tous les documents nécessaires à la certification des comptes, le groupe s’est mis à la recherche d’un autre auditeur, lequel devrait être approuvé par l’assemblée générale du 30 juin. Le temps presse donc.

Si Carson Block, qui a cédé tous ses titres Solutions 30, ne spéculera probablement plus sur la société, il n’envisage toutefois pas d’abandonner le marché financier européen. « Nous avons toujours l’intention de vendre à découvert les actions des sociétés européennes problématiques », assure-t-il. Selon certaines rumeurs, il serait le mystérieux investisseur qui a acquis récemment 5% du capital d’Atos. Ce qu’il nie farouchement. Espérons qu’il dise vrai.