Il ne fait pas bon avoir plus de 40 ans chez Big Blue, du moins aux Etats-Unis, si l’on en croit nos confrères de The Register. Ces derniers ont eu sous les yeux un affidavit (déclaration sous serment) de Catherine Rodgers, anciennement vice-présidente auprès du bureau de la mobilisation mondiale d’IBM, dans lequel elle reconnaît avoir menti, à la demande de ses supérieurs, au département américain du Travail sur le nombre de travailleurs « âgés » licenciés par la société. Elle y déclare avoir été elle-même renvoyée après avoir souligné que l’entreprise avait enfreint les lois sur la discrimination fondée sur l’âge en licenciant principalement du personnel âgé de plus de 50 ans. Une plainte collective pour discrimination présumée à laquelle se sont joints notamment Terry Keebaugh, directrice des ventes Travel & transportation, et Jonathan Langley, directeur des ventes et du programme Bluemix SaaS, tous deux remerciés après avoir consacré près de 24 ans de leur vie à Big Blue, a été transmise à la justice.

Catherine Rodgers indique dans sa déclaration que toutes les personnes licenciées dans son entité étaient âgés de plus de 50 ans et que les salariés plus jeunes étaient épargnés. « J’ai été très surprise qu’un pourcentage aussi élevé de mon groupe ait été licencié, parce que mon groupe avait un budget inférieur à celui prévu et dépassait ses objectifs de performance », s’étonne-t-elle.

En avril 2017, deux salariés âgés de plus de 50 ans inclus dans les licenciements s’étaient adressés au département du Travail afin d’obtenir une aide financière. « Par conséquent, le département du Travail m’a envoyé un formulaire à remplir me demandant d’indiquer tous les employés de mon groupe qui avaient été licenciés au cours des trois dernières années, et leur âge », précise-t-elle. Elle ajoute qu’elle a ensuite soumis le document à la DRH qui lui a été ordonné de supprimer tous les noms sauf un avant de le soumettre aux autorités. Elle affirme également que d’autres tactiques ont été utilisées pour dissuader le personnel plus âgé de rester dans l’entreprise, notamment en les obligeant à se rendre tous les jours au bureau alors qu’ils pratiquaient jusqu’alors le télétravail. Elle déclare par ailleurs, qu’afin de les décourager, les travailleurs âgés étaient plus souvent invités à déménager vers d’autres sites aux Etats-Unis. Elle cite l’exemple d’un  senior qui après avoir accepté de déménager dans le Connecticut avait ensuite été réaffecté à un bureau en Caroline du Sud.

Catherine Rodgers précise enfin qu’elle a elle-même reçu « d’excellentes évaluations de performance » chaque année jusqu’à ce qu’elle commence à poser des questions sur la politique de licenciement. Peu de temps après, elle a obtenu sa première évaluation négative, bien qu’elle ait atteint tous ses objectifs annuels. On lui a ensuite donné de plus en plus de travail sans l’augmenter pour autant. Son responsable hiérarchique lui aurait alors indiqué que le directeur général de Global Technology Services, Richard Patterson, lui avait attribué une évaluation médiocre sans avoir même examiné ses résultats.

Interrogé par nos confrères, un porte-parole de l’entreprise a contesté ses allégations.