Après deux années difficiles, BT Global Services France reprend des couleurs. Recrutement, stratégie cloud… Les explications de Catherine Destriteaux, sa responsable de la transformation et de la communication.

Channelnews : BT Group vient de publier ses comptes pour l’exercice fiscal clos le 31 mars. Le chiffre d’affaires a baissé de 4% (à 20 Md£) mais le bénéfice avant impôts est en hausse de 20% (à 2 Md£) et l’activité services, qui pèse un tiers du chiffre d’affaires, est revenue à l’équilibre après deux années catastrophiques. Qu’en est-il pour la France ?

Catherine Destriteaux : Le chiffre d’affaires des filiales n’a pas encore été validé par les commissaires aux comptes mais nous devrions annoncer mi-juillet un chiffre conforme aux prévisions, en hausse de 1% à 435 M€. L’activité télécoms traditionnelle est en légère décroissance mais les services, et notamment la sécurité, redémarrent. Sur cette dernière activité, on sent que les budgets des clients sont en augmentation. On s’apprête d’ailleurs à investir plus d’un million d’euros pour renforcer notre security operating center (centre de surveillance réseau) avec un nœud Counterpane [du nom de cet éditeur américain dont la technologie de supervision cartonne en ce moment]. Cette inflation des budgets est tirée par l’augmentation du niveau d’exigence des clients et l’explosion des technologies mobiles. Toutefois on ne peut pas parler d’accélération flagrante de la croissance, y compris sur notre second semestre fiscal. Cela s’explique par le fait que notre activité est largement tournée vers des contrats récurrents très long terme.

Alors qu’est ce qui vous a poussé à annoncer il y a quelques semaines une reprise franche des embauches (500 recrutements sur l’exercice) après deux années de réduction des effectifs et alors que vous sortez tout juste d’un plan social s’étant traduit par la suppression d’une centaine de postes ?

Catherine Destriteaux : Sur un marché de l’emploi qui se tend, nous prenons les devants pour sécuriser nos recrutements et retenir nos collaborateurs. C’est vrai que nous avons stoppé nos embauches en 2009 et que nous n’avons pas remplacé les départs. Mais une partie de la diminution d’effectifs que vous évoquez s’explique par la vente de nos activités de migration de données applicatives à Sodifrance et de développement SAP à Gravity Consulting en septembre 2009. Quant au plan social, il était lié à l’arrêt de nos activités exploitation de mainframe et développement applicatifs en régions. Des activités que nous avons dû abandonner en raison de leur sous-dimensionnement. Mais dans le même temps, nous avons créé de nombreux postes, notamment dans la gestion des infrastructures IT, la virtualisation et la sécurité au sens large. Sur l’exercice 2010-2011, nous avons ainsi recruté plus de 250 personnes. Soit plus que prévu initialement. Nous avons bien proposé à une proportion importante de ceux dont le poste était supprimé des reclassements accompagnés de plans d’adaptation. Mais peu en ont effectivement profité.

Que faites-vous pour retenir vos collaborateurs ?

 Catherine Destriteaux : Nous avons des plans classiques de gestion des évolutions de carrière, de formation, d’intégration des nouveaux collaborateurs… En matière d’évolution des salaires, nous sommes dans la norme de notre secteur avec 2% d’augmentation moyenne cette année. Avec les rattrapages liée à l’égalité homme-femme que nous avons opérés en mars, c’est même un peu plus. D’un point de vue strictement social, nous mettons également en avant notre bilan en matière de diversité, qui correspond à une véritable préoccupation du groupe depuis toujours.

Quels types de profils recherchez-vous ?

 Catherine Destriteaux : Nos clients nous attendent sur des sujets complexes qui nécessitent des expertises fortes. En conséquence, nous orientons nos recrutements vers des profils de type consultants, capables d’appréhender les sujets comme la maîtrise des risques, les audits sécurité, la virtualisation, etc. Nous augmentons également nos ressources dans les services managés.

Quelle est votre stratégie en matière de Cloud ?

 Catherine Destriteaux : Le cloud est un axe de développement stratégique. Nous nous positionnons sur la partie infrastructures (Iaas) mais pas les applications (Saas). Nous avons développé une offre de services l’année dernière baptisée Virtual Data Center (VDC), qui s’appuie sur un datacenter dernière génération que nous opérons en région parisienne. Les clients y accèdent via un portail dédié. Cette offre sucite beaucoup d’intérêt. Nous avons déjà de nombreux pilotes en exploitation, parfois depuis plusieurs mois. Pour l’instant, cette activité représente des montants faibles et par nature variables. Mais, nous devrions enregistrer une importante montée en charge sur l’exercice en cours. On prépare une évolution de cette offre pour la rentrée, baptisée VDC Private, qui consistera à mettre à la disposition des clients un espace entièrement dédié à la façon de ce que l’on fait dans les réseaux avec les VPN.

Votre périmètre d’activité est-il stabilisé ou préparez-vous de nouvelles cessions ou acquisitions ?

 Catherine Destriteaux : Le groupe a indiqué aux investisseurs qu’après avoir totalement stoppé les acquisitions en 2008 sur la partie Global services, il n’excluait pas de revenir à l’achat sur des cibles qui lui permettraient de se renforcer sur un secteur d’activité ou une niche de marché. La France, qui représente le troisième pays le plus important pour le groupe en termes d’effectifs, est désormais recentrée sur ses métiers et clients de prédilection. À savoir les télécoms, la gestion des infrastructures IT et la sécurité pour une clientèle correspondant au top 400 français.