Microsoft a incontestablement raté les premières semaines de commercialisation de Windows 8. Mais malgré un retard à l’allumage, le décollage devrait finalement se dérouler sans trop d’encombres, notamment grâce aux pro.


C’est désormais un fait attesté par les différents cabinets d’études, la sortie de Windows 8 le 26 octobre n’a pas eu l’effet d’entraînement escompté sur les ventes de PC. C’est le moins qu’on puisse dire. Les livraisons ont reculé de 6,4% à l’échelle mondiale au dernier trimestre 2012, selon les estimations d’IDC. En France, la chute a été encore plus brutale : -13,6% selon Gartner et même -19,5% pour le marché grand public. 

Les analystes avaient bien anticipé une érosion des ventes, notamment en raison de l’engouement pour les tablettes, mais personne n’avait imaginé qu’une telle bérézina soit possible à la faveur du lancement d’un nouveau système d’exploitation Microsoft. Les chiffres sont d’autant plus cruels pour ce dernier que les tablettes équipées de processeurs x86 sont comptabilisées dans la catégorie PC et qu’elles auraient logiquement dû compenser le ralentissement des formats traditionnels.

Du coup, chacun s’interroge : est-ce Windows 8 qui est en cause ? Est-ce le produit qui est raté ? Ou est-ce plutôt le lancement qui a été mal géré ? Ou bien encore est-ce que ce sont les constructeurs qui n’ont pas joué le jeu ?

Que ce soit les constructeurs ou Microsoft, chacun s’accorde à dire que les produits sous Windows 8 ont été peu visibles en rayons les deux premiers mois de commercialisation. Certes, le nouvel OS s’est assez rapidement répandu, mais sur des machines non tactiles, ce qui lui a enlevé tout intérêt. Les produits tactiles, eux, sont longtemps restés indisponibles en raison de difficultés d’approvisionnement sur les écrans multitouch 10 points, constate Daniel Trachino, country manager d’Acer France.

Malgré tout, la plupart des constructeurs s’étaient débrouillés – parfois en réallouant des stocks d’écrans destinés au départ au marché pro – pour livrer en quantités minimum sur certains modèles. Mais les méventes du troisième trimestre ont ruiné leurs efforts. Les retailers se sont d’abord attaché à liquider leurs stocks de machines sous Windows 7 repoussant à janvier, voire bien souvent à février la disponibilité en volumes des machines « touch ». Et le peu qui était en rayon a souffert de la comparaison avec les produits non touch (environ 100 à 150 € moins onéreux à caractéristiques comparables) et avec les produits sous Windows 7.

Mickaël Albala, directeur commercial du réseau partenaires de HP PPS, pointe de son côté une campagne de communication inadaptée. « Microsoft n’a pas su créer le buzz avant la sortie et a trop insisté dans sa campagne sur les nouveaux facteurs de forme qui accompagnent le lancement de Windows 8 et sur la tablette Surface RT au détriment du format notebook traditionnel et des fonctionnalités de Windows 8 ». Une stratégie qui n’a n’a, du reste pas suffit à assurer le succès de la tablette Microsoft, dont les ventes sont restées relativement confidentielles pour autant qu’on en sache.

Toutefois, si le lancement a été poussif, les constructeurs sont relativement confiants sur le fait que Windows 8 finira par s’imposer. Et le tactile avec. Déjà, 20% à 25% des notebooks que livre actuellement Acer le sont, note Daniel Trachino. Et, le même estime que cette proportion atteindra 50 à 60% à la fin de l’année, lorsque le différentiel de prix sur les écrans se sera estompé. Il constate au passage qu’après le passage à vide du quatrième trimestre, les notebooks repartent sur une tendance positive depuis le début de l’année.

Mais au-delà des notebooks, ce sont les produits hybrides de type ultrabook qui devraient créer la surprise. Et de citer une étude GfK qui prévoit que sur 100 devices numérique vendu en 2013, 44 seront des tablettes, 25 des notebboks (touch et non touch), 9 des PC de bureau et 18 des hybrides. Une catégorie qui devrait même répidement devenir majoritaire puisque GfK la voit à 52% des ventes en 2017, devant les tablettes (29%) et les notebooks (13%).

Ces produits hybrides intéressent d’ailleurs au premier chef les entreprises croit savoir HP, qui multiplie les annonces. Le constructeur livre ainsi depuis fin janvier l’ElitePad 900, une tablette pro qui sera complétée ultérieurement par une série d’options afin de séduire les marchés verticaux. Le constructeur a également annoncé un Elitebook Revolution (ou Revolve), un hybride à écran retournable qui se transforme en tablette. De nombreux autres format et déclinaisons devraient progressivement voir le jour, prévient Mickaël Albala afin de s’adapter aux différents besoins métiers.

De son côté, Microsoft est en train de monter en puissance sur les formations partenaires pour préparer le réseau au lancement de Windows 8 sur le marché pro. Plusieurs événement itinérants partenaires ont abordé cette thématique au cours des derniers mois (notamment les Rencontres Partenaires et les Rendez-vous Connectik). Et Microsoft prépare un nouveau tour de France pour le mois d’avril en partenariat avec HP sous forme d’ateliers découverte orientés usages et devices Windows 8 destiné à ses partenaires suivis. Le lancement de la campagne de communication en tant que telle ne devrait toutefois pas démarrer avant le second semestre.