Comment faire en sorte que le volontarisme affiché autour de la souveraineté numérique européenne se traduise en actes ? En demandant aux entreprises et aux pouvoirs publics qu’ils s’engagent à consommer européen en matière de numérique. Un manifeste lancé à l’initiative d’un collectif de dirigeants du numérique baptisé Club IT50+ appelle ainsi les entreprises et les organisations publiques à diversifier leurs achats informatiques en réservant au moins 50% de leur budget IT aux acteurs français et européens du numérique.

« L’Europe est le seul continent à ne pas avoir classé d’entreprise IT dans le FT500 (500 premières entreprises mondiales en valorisation ou chiffre d’affaires) ces 20 dernières années excepté SAP », déplore le collectif dans son manifeste. Même Dassault Systèmes n’y figure pas.

Autre constat amer du club des dirigeants IT50+ : plus de 80 % des entreprises françaises et allemandes ainsi que des institutions publiques feraient tourner leurs systèmes stratégiques sur les technologies Google-Microsoft-Amazon-Oracle. Derniers exemples en date, les signatures de Renault, Orange Deutsche Bank et Lufthansa avec Google Cloud, Volkswagen avec Amazon Web Services, ou le ministère de la Santé français avec Microsoft, rappelle l’AFP. Même Bpifrance, représentant de l’État et investisseur incontournable de la French Tech, a décidé de confier ses données à… Amazon et Microsoft, déplorent les dirigeants du club IT50+.

« Croire qu’en choisissant l’IT US (ou chinoise), on fait le choix du moins-disant est souvent faux. Les calculs de ce genre ne tiennent en effet pas compte des coûts cachés ou à venir : coût de la dépendance, impossibilité de s’opposer aux hausses futures des coûts de maintenance dont les fournisseurs US sont coutumiers, coût du risque géopolitique… », assène le collectif.

Soixante-quinze dirigeants ont déjà rejoint l’initiative du club IT50+, parmi lesquels Vivane Chaine-Ribeiro (Talentia-software), Michel Paulin (OVHcloud),  Phillipe Pinault (Talkspirit & Holaspirit), Alain Garnier (Jamespot), Luc d’Urso (Atempo Wooxo Group), Luc Bretones (Purpose for Good rt Institut G9+)…

Ces derniers se sont engagés en premier lieu à retenir dans tout appel d’offre un minimum de 50 % d’acteurs européens et à investir plus de 50 % de tout nouveau budget IT d’investissement ou de fonctionnement auprès d’acteurs français ou européens, mais également à contribuer via un budget spécifique baptisé ETD (pour European Technology Development) à la création d’écosystèmes et de réseaux d’entreprises innovants et à produire des communications sur la mise en œuvre des solutions choisies.