Pas de doute, selon PAC comme selon KPMG : le Cloud Computing décolle en France. Mais une chose semble sûre : le développement du Cloud Computing est en marche pour transformer de manière profonde et durable l’industrie de l’IT.


Selon le cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC), le Cloud Computing a déjà commencé son oeuvre de transformation de la chaîne de valeur des services d’infrastructure. Dans un communiqué, le cabinet estime que «la percée du Cloud Computing en entreprise entraîne d’importantes mutations dans la construction et l’exploitation de l’infrastructure informatique ». Et Mathieu Poujol, directeur chez PAC, de préciser l’analyse du cabinet : «le Cloud Computing, en optimisant considérablement les infrastructures, en banalise une partie non négligeable tout en libérant de nouveaux budgets pour des projets davantage porteurs de valeur ajoutée.» Des propos qui résonnent comme un écho à ceux de Dave Dobson, vice-président exécutif de CA Technologies, qui, fin novembre, nous expliquait qu’après avoir permis d’industrialiser et d’optimiser de nombreuses activités, l’IT lui-même était en passe de «s’industrialiser lui-même. Nous sommes en train de diviser des briques en composants fonctionnels comme sur chaîne d’assemblage ».

Pour Eric Blum, directeur technique de BMC Software, cette vision est déjà une réalité. Dans un entretien téléphonique avec la rédaction, il explique ainsi que l’approche dite de multi-sourcing orientée services est déjà une réalité dans les grands comptes avec lesquels travaille l’éditeur : «les services métiers des grandes entreprises sont produits à 10/15 % en mode SaaS. […] On y amène en ce moment les services SaaS dans un catalogue de services.» Et cela ne s’arrête pas : Eric Blum évoque des clients exploitant ses outils pour gérer des services d’IaaS reposant sur les offres d’Amazon ou encore de Rackspace, pour des services applicatifs pilotés en interne. 

Selon PAC, le marché des services d’infrastructure pèse environ 12 Md€ en France, en 2011. En 2012, il devrait enregistrer une croissance limitée, notamment sous l’effet de «la pénétration de plus en plus forte des offres Cloud ».

« Une opportunité de développement et de transformation des modèles économiques »


Autre transformation apportée par le Cloud. Selon KPMG, 80 % des entreprises françaises vont démarrer, en 2012, un projet Cloud, dont un tiers «sur des domaines de leur coeur de métier ». Pour l’heure, le Cloud ne serait utilisé essentiellement que pour la messagerie électronique, la gestion de la relation client, celle des ressources humaines, et les points de vente. À 49 %, c’est le SaaS (Software as a Service) qui remporte la palme en France, devant l’IaaS (Infrastructure as a Service, 35 %) et le PaaS (Platform as a Service, 31 %). Mais tout cela ne va pas manquer d’avoir un impact sur de nombreux acteurs de la chaîne de valeur traditionnelle de l’IT : pour KPMG, «le Cloud crée de nouvelles opportunités impliquant la transformation des modèles commerciaux et opérationnels au sein des entreprises.» Et le cabinet d’estimer ainsi que «88 % des entreprises interrogées pensent que le Cloud va transformer leur activité et la façon dont elles exercent leurs activités ». Et si son adoption est à 83 % motivée par les «nouvelles possibilités offertes par cette technologie, plus rapide à mettre en oeuvre, plus accessible et plus riche en fonctionnalités», la question du coût n’est pas négligée : en France, 74 % des entreprises sondées par KPMG estiment que le Cloud «va générer des économies d’échelle importantes» et, à 86 %, qu’il va entraîner une «rationalisation des processus ». L’histoire ne dit pas encore si ces promesses vont se concrétiser complètement. Mais, selon Eric Blum, certains intermédiaires de la chaîne de valeur de l’IT ont commencé à anticiper la transformation de leur métier.

Toute une chaîne de valeur en passe de se transformer


Mourir ou se transformer ? L’avenir le dira. En attendant, pour Eric Blum, des acteurs incontournables de la distribution informatique en France ont pris le virage : «on observe qu’ils développent des méga-projets pour fournir des magasins de services en marque blanche.» Les prestataires locaux pourront s’appuyer dessus pour fournir leurs clients PME/TPE : «l’élément différenciant sera le niveau de personnalisation proposé. Mais aussi la capacité à opérer une solution hyper verticalisée en français, ou encore des développement à façon.» Pour lui, la question sera de savoir si l’intégrateur local saura, ou pas, rester le prestataire principal de son client : «cela nécessitera des investissements significatifs, que ce soit pour opérer une plateforme ou pour se donner les moyens de s’engager sur des niveaux de service.» Pour le directeur technique de BMC, de nombreux services SaaS son encore en effet vendus «sans engagement de niveau de service ». Et là, les investissement dans les plateformes d’administration ad hoc seront « décisifs ».

Restera enfin une question de ressources. Pour Eric Blum, de nombreuses entreprises ont développé ce qu’il qualifie de plateformes Cloud de «première génération», avec des équipes capables d’adopter des approches d’architectes concevant leurs propres solutions d’automatisation et «des coûts d’exploitation encore élevés ». Mais pour lui, la transformation en cours implique le besoin de «personnes capables de gérer les services, un catalogue, des niveaux de service, et de faire l’interface avec les personnes qui assureront le packaging de ces services ». Bref, on bascule sur «des personnes qui ont des compétences ITIL, des compétences financières, etc.» Et d’y voir plutôt une bonne nouvelle : «Il y a davantage de gens capables de gérer l’IT à ce niveau-là que d’architectes. On réduit la complexité. C’est l’avènement de la seconde génération de solutions de Cloud Computing.»

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