Dans son discours d’ouverture du Canalys Channels Forum 2013 de Barcelone, repris dans ses grandes lignes par ChannelRegister, le CEO du cabinet de recherche, Steve Brozier, a abordé le scandale Prism et les répercussions que les révélations d’Edward Snowden risquent d’avoir sur le monde IT.

L’analyste américain prévoit trois grandes conséquences de la découverte des trifouillages de la NSA et des autorités britanniques dans les connections internet de tout un chacun.

Il estime tout d’abord que cela modifiera les marché de la sécurité et impliquera des évolutions dans les offres des fournisseurs de services. Il a notamment cité le portail de sécurisation Lockbox et le moteur de recherche DuckDuckGo dont les technologies préservent la vie privée de leurs utilisateurs  et qui de ce fait sont à l’abri des réquisitions des agences gouvernementales.

Selon lui, l’affaire Prism devrait également favoriser l’adoption des logiciels open source, toute modification apportée au code source à la demande des autorités pouvant être décelée par les membres de la communauté.

Il croit enfin savoir que l’intérêt de Washington pour surveiller le monde ne pourra qu’augmenter la localisation des équipements, des logiciels et des services. Plutôt que de faire confiance aux grands acteurs américains, les clients seront tentés de confier leurs données à des fournisseurs locaux. Il a ainsi cité l’exemple de Deutsch Telekom qui vient de lancer un service de messagerie « made in Germany » garantissant que les émails ne transiteront pas par les réseaux de télécommunications américains sauf nécessité absolue. Il a également évoqué la volonté du gouvernement brésilien d’adopter une loi obligeant les fournisseurs d’accès de localiser leurs centres de données dans le pays.

A ces trois grandes répercussions, on peut ajouter le ralentissement de l’adoption du cloud par les entreprises et  éventuellement une guerre des prix, les grands acteurs US consentant à baisser leurs tarifs afin de séduire les clients étrangers.

L’avis de Steve Brazier est loin d’être isolé. 

Comme le rapportent nos confrères de Silicon, intervenant récemment dans un symposium intitulé « Est-ce que la NSA a gagné la guerre de la crypto ? » le professeur du MIT et ancien directeur des affaires publiques de Google Alan Davidson, a déclaré « qu’avoir le reste du monde qui pense qu’il y a des backdoors dans leurs systèmes afin d’aider le gouvernement US est écrasant et discrédite » le secteur IT américain, ce qui aura des effets négatifs « pour l’économie, pour les libertés publiques et pour la sécurité ».