Audi vient de mettre 10.000 de ses employés au chômage partiel en Allemagne. La décision prise concerne les travailleurs de deux lignes de production à Ingolstadt (Bavière) et plusieurs lignes d’assemblage à Neckarsulm. Sur le premier site, la production a été mise à l’arrêt à la mi-mai, sur le deuxième la pause a commencé hier. Le constructeur automobile explique avoir suspendu sa production en raison de la pénurie mondiale de semi-conducteurs. Dès le 7 juin, Volkswagen prévoit également de suspendre sa production de véhicules à Chattanooga, aux Etats-Unis, pendant deux semaines. Plusieurs constructeurs automobiles disent avoir renoncé temporairement à certaines technologies embarquées pour éviter de mettre leur production à l’arrêt.

En mai, la chancelière allemande Angela Merkel s’est inquiétée du manque de capacité de production au sein de l’Union Européenne. « Je suis mal à l’aise avec le fait qu’un grand bloc comme l’UE ne soit pas en mesure de créer des puces », a-t-elle déclaré lors d’un sommet sur l’avenir de l’innovation en Allemagne, faisant référence à la dépendance européenne vis-à-vis de l’Asie en matière d’approvisionnement en semi-conducteurs. « Etre une nation de l’automobile sans pouvoir en produire le composant central n’est pas une bonne chose », a-t-elle ajouté.

De son côté, le commissaire européen à l’industrie, Thierry Breton, a déclaré à l’agence de presse Bloomberg en début mai que l’Europe devait abandonner son approche « trop naïve et trop ouverte » de la conception et de la fabrication si elle voulait doubler la production de puces de la région d’ici 2030.

La pénurie de puces électroniques met en évidence la dépendance de nombreux secteurs aux deux principaux fabricants taïwanais TSMC et UMC, dont la production souffre d’un fort ralentissement avec la sécheresse qui a duré plusieurs mois sur l’île. Mais derrière ces deux géants asiatiques se cache un autre géant et il est européen : la société néerlandaise ASML.

ASML affichait des résultats au beau fixe au premier trimestre 2021 : un chiffre d’affaires net de 4,4 milliards d’euros, une marge brute de 54% et un bénéfice net de 1,3 milliard d’euros. Ce groupe de 28.000 salariés, basé à Eindhoven, est le seul fabricant au monde de machines EUV (Extrême Ultra-Violet). Ces machines de lithographie, vendues 120 millions d’euros chaque, sont les seules capables de graver des puces en dessous de 7 nm. ASML met entre quatre et cinq mois pour en fabriquer une unité, et trois mois supplémentaires pour l’expédier chez ses clients partout dans le monde (TSMC, UMC, Intel, Samsung…).

D’où le fait que la Commission Européenne appelle de ses vœux la création d’un géant européen de la fonderie avancée de puces électroniques avec des acteurs de poids tels que le franco-italien STMicroelectronics, l’allemand Infineon et les néerlandais NXP et ASML.