Les 180 salariés du pionnier français de l’IOT, en redressement judiciaire depuis le 26 janvier, vont devoir prendre encore leur mal en patience. Le tribunal de commerce de Toulouse, qui devait annoncer le choix du repreneur de Sigfox le 14 avril, a reporté sa décision au 21 avril, pour une raison non motivée mais qui tient au contexte politique. Le devenir du fleuron français des services de communication entre objets connectés se décide en pleine élection présidentielle, ce qui peut laisser craindre à l’exécutif le début d’une polémique. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’arbitrer entre un repreneur français ou étranger. Explications.
Sur les neuf candidats qui avaient déposé une offre de reprise, 4 sont encore en lice. Et sur ces quatre finalistes, un se détache aux yeux de tous, qu’il s’agisse du CSE, des salariés, de la direction ou même de l’écosystème de Sigfox. Il s’agit d’Unabiz, un opérateur de réseaux Sigfox qui opère en Asie depuis Singapour, Taiwan et Hongkong. L’entreprise a été fondée et est dirigée par un entrepreneur français, Henri Bong, ancien salarié de Sigfox. Mais comme toute entreprise étrangère, elle doit sur un tel dossier recevoir de Bercy une autorisation Investissements Etrangers en France (IEF).
Or la veille du 14 avril, Unabiz n’avait pas toujours reçu le sésame de Bercy, ce qui l’a conduit a mobilisé ses avocats pour demander un report de la décision aux administrateurs judiciaires, tout en se fendant d’une lettre ouverte au « président-candidat Macron ». Dans celle-ci, le PDG d’Unabiz écrit :
« Je comprends que les élections présidentielles soient une priorité pour vous aujourd’hui. Cependant je peux difficilement comprendre et encore moins accepter que la politique puisse priver une société déjà en péril et ses employés de bénéficier du meilleur projet pour la sauver et encore moins de la priver de tous ses choix pour son propre futur. La communication ne doit pas l’emporter sur des intérêts économiques majeurs et sur la vie bien réelle des salariés de Sigfox. »
Le report du tribunal toulousain peut laisser supposer que l’interpellation a été entendue. Elle laisse une semaine supplémentaire à Bercy pour décider ou non d’accorder l’IEF. Unabiz de son coté s’est dit prêt à faire des gestes, notamment l’immatriculation de la société en France. La date du report peut interroger, car trois jours avant le second tour. Mais le 21 avril est aussi au lendemain du débat de l’entre-deux tours, ce qui devrait laisser le sujet Sigfox en dehors du débat.
Avec Unabiz en lice ou non, c’est maintenant au tribunal de commerce qu’il revient de se prononcer sur le meilleur dossier. Les autres repreneurs potentiels sont d’abord le groupe de conseil et ingénierie Oteis, qui comme Unabiz s’est engagé à reprendre l’ensemble de la société, soit Sigfox SA (qui détient la technologie et les salariés), et Sigfox France SAS (qui gère le réseau en France).
Les deux derniers candidats se sont engagés seulement sur Sigfox SA. Il s’agit de startup parisienne Actility, dans laquelle BPI France a investi 3 millions d’euros, et du fonds d’investissement Buffet Investment Services Consortium. Verdict le 21 avril.