À l’occasion de son Symposium, qui s’est tenu début juin à Paris, René-Luc Caillaud, pdg du grossiste ETC, a exposé au cours d’une conférence sa vision du marché de l’IT et de ses perspectives.

 

 

« En France, les ventes de biens et services IT représentent environ 50,9 milliards d’euros (chiffres 2008). Les matériels, qui comptent pour près de la moitié de ce marché (23,5 Md€), sont aux trois quarts commercialisés en indirects (soit 17,4 Md€). A noter que le poids de l’indirect tend également à s’accroître sur les logiciels et services. IBM constitue une bonne illustration de cette tendance. Le marché de l’IT est relativement stable en valeur car la baisse permanente des prix est compensée par l’éclosion permanente de nouvelles niches de marché et la numérisation de secteurs traditionnels. C’est le cas actuellement de secteurs comme le médical, l’énergie ou l’éducation. L’enseignement à tirer pour les prestataires traditionnels IT, c’est de rester constamment à l’affut des marques émergentes.


Les perspectives de croissance


Le marché de l’IT devrait même sensiblement progresser au cours des prochaines années. C’est en tout cas ce que prévoit l’institut d’études Forrester qui anticipe une croissance moyenne de 8 à 10% par an des ventes de matériels et logiciels au cours des sept prochaines années. Forrester identifie notamment quatre grands marchés porteurs pour les prochaines années : les architectures d’entreprise, les communications unifiées, la virtualisation & stockage et l’informatique en nuage (Cloud Computing). Nous avons déjà investi sur les trois premières en référençant par exemple Tandberg sur les communications unifiées. Reste à nous positionner sur le cloud, un modèle dans lequel on ne vend plus que des services hébergés sur d’énormes infrastructures regroupant toutes les fonctions vitales du système d’information des clients et où la facturation est proportionnelle au taux d’utilisation.


Les marchés porteurs


Outre les marchés déjà cités, l’institut d’études concurrent, Gartner, identifie les technologies analytiques, le green IT, la virtualisation des postes de travail, les réseaux sociaux, la sécurité et la mobilité comme axes porteurs. Attention toutefois au Green IT qui est plus un argument marketing qu’un réel pourvoyeur de chiffre d’affaires en dehors du marché de la vidéo-conférence. La sécurité en revanche est génératrice de revenu et surtout de marge car les clients sont moins tentés de négocier les prix des solutions qui leur permettent d’optimiser la disponibilité de leurs infrastructures. C’est tout le discours defournisseurs tels qu’IBM ou Symantec. A l’inverse il y a des créneaux présentés comme porteurs dans le passé dont on entend moins parler : les réseaux à très haut débit ; les nanotechnologies, la déduplication (car les sauvegardes se font désormais quasiment en temps réel) ou les grands écrans (qui sont devenus le standard).


Vers une généralisation du modèle coût à la page


Le marché de l’impression est l’un de ceux ayant le plus souffert de la baisse des prix. Celle-ci est responsable des deux tiers du recul de 40% des facturations constaté en cinq ans. Le prix moyen d’une imprimante oscille désormais autour de 204 € (voire 108 € dans le retail). Les consommables représentent désormais 70% des revenus et les fournituristes captent les deux tiers du marché. Les leaders sont en perte de vitesse, tandis que les challengers tels Samsung et Brother sont en forte croissance. Face à cette érosion inexorable des prix, les fournisseurs ne voient plus leur salut que dans les services coût à la page, popularisés par les bureauticiens tels Xerox et Ricoh. Ces modèles devraient se généraliser dans les années qui viennent. Pour les revendeurs, il est d’autant plus judicieux de s’y investir que le coût à la page permettra vraisemblablement de contourner les nouvelles procédures d’achat centralisées qui se mettent en œuvre dans l’administration.


Baisse des prix des PC et des serveurs


Les prix des PC professionnels ont baissé en moyenne de 4% par an au cours des deux dernières années. Pour dix PC portables vendus, il se vend désormais trois PC de bureau et deux smartphones. Le prix moyen d’un PC portable est inférieur à 885 €. Paradoxalement, les netbooks, qui représentent un PC portable sur quatre, ont permis de ralentir la baisse des prix des netbooks en favorisant les configurations plus haut de gamme. Pour les serveurs, on constate également une baisse des prix (de l’ordre de 4% l’année dernière) mais le marché est globalement en croissance grâce notamment à l’essor de la virtualisation et au poids croissant des logiciels. Le prix moyen se situe autour de 1324 €. Les derniers mois ont été marqués par l’entrée sur ce marché de Lenovo et d’Acer, via la marque Gateway. Quant à IBM, il a refait de cette activité un axe stratégique. De son côté, HP met toujours plus l’emphase sur les services.


Evolution du channel


Les revendeurs IT ont finalement été moins malmenés qu’on s’y attendait par la crise, au final il y a eu peu de défaillances. Dans sa dernière étude sur l’évolution du channel IT, Compubase montre cependant que le nombre de créations d’entreprises de négoce reste faible. Le nombre de revendeurs est stable mais celui des grossistes est en baisse ainsi que celui des revendeurs orientés grand public. Même les grandes surfaces commencent à fermer des rayons informatiques. En revanche, il y a une forte dynamique de création du côté des sociétés de services. »