Son rachat le mois dernier par l’un de ses investisseurs minoritaires, le fonds d’investissement britannique GSH Private Capital, a sans doute sauvé Getronics de la faillite. Après son acquisition désastreuse du revendeur américain Pomeroy en 2018, l’activité Getronics était à genoux en 2019, relate notre confrère Channel Partner Insight qui a pu s’entretenir avec Kenton Fine (photo), le nouveau président exécutif de Getronics, pour savoir comment il comptait s’y prendre pour redresser l’entreprise.
Après avoir racheté Getronics en 2017 pour 220 M$, Nana Baffour, son prédécesseur, avait financé l’acquisition de Pomeroy en levant 815 millions de dollars de dette, rappelle Kenton Fine. Cela lui avait permis de porter les revenus de Getronics de quelque 300 millions de dollars annuels à 1,3 milliard de dollars. Mais, moins d’un an plus tard, alors que l’entreprise, étouffée par une dette de 750 millions de dollars, ne parvenait plus à financer son fonds de roulement, Getronics a dû céder le contrôle de Pomeroy à ses créanciers.
Selon Kenton Fine, l’une des raisons des difficultés de Getronics vient du fait que l’entreprise n’avait pas de directeur financier de suffisamment haut niveau. « Dans un contexte de fort endettement, vous devez avoir des contrôles financiers et une gouvernance parfaitement huilés. Ce n’était tout simplement pas le cas, a déclaré le nouveau directeur exécutif de la société à Channel Partner Insight. Je pense que c’est là que [l’ancienne direction] s’est plantée. Elle a perdu la confiance de ses fournisseurs qui lui ont réduit puis retiré ses lignes d’encours. […] Si bien qu’à la fin de l’été dernier, l’entreprise n’avait pratiquement plus aucun financement disponible pour assurer son besoin en fonds de roulement. Un comble pour une entreprise qui rapportait plus de 100 millions de dollars par mois. »
Séparé de l’activité Pomeroy, Getronics est revenu à un chiffre d’affaires de l’ordre de 300 millions d’euros, contre plus de 400 millions d’euros en 2017. L’entreprise a perdu des ventes et certains clients se sont éloignés au milieu de ses difficultés financières.
Pour son rachat le mois dernier, des dizaines de millions d’euros de liquidités ont été injectés dans l’entreprise pour rectifier ses comptes fournisseurs, ce qui leur a permis de nettement s’améliorer, explique Kenton Fine. Getronics ne supporte plus que 40 à 50 millions d’euros d’endettement résiduel, soit environ 10% du montant initial (hors activité américaine).
Le nouveau président exécutif a également nommé plusieurs cadres supérieurs en qui il a confiance, dont un directeur financier et un directeur de la transformation, pour placer le groupe sur une bonne trajectoire. Un nouveau responsable mondial des ventes devrait être bientôt nommé.
Maintenant que l’équipe de direction est en place, l’objectif principal est d’apporter plus de stabilité financière à l’entreprise. « Nous devons nous assurer que nous collectons nos liquidités et payons nos fournisseurs correctement et que nous générons beaucoup de marge », explique Kenton Fine. Il a l’intention de fonder le développement de l’activité sur la croissance organique complétée par des acquisitions stratégiques. Kenton Fine a insisté sur le fait que Getronics ne ferait aucune acquisition « transformationnelle » comme le fut son acquisition de Pomeroy en 2018. « La plus grande valeur que nous pouvons générer est la croissance organique en l’augmentant avec des fusions et des acquisitions ciblées ». Kenton Fine a expliqué que cette stratégie pouvait permettre à Getronics d’atteindre 1 milliard d’euros de revenus au cours des cinq ou six prochaines années.
S’il n’est pas issu du secteur IT, Kenton Fine est un entrepreneur. D’origine sud-africaine, il a fondé une entreprise de gestion des déchets en 1989 à l’âge de 20 ans, qu’il a vendu en 1996 pour créer Servest, une entreprise spécialisée dans le facility management. Servest a grossi jusqu’à atteindre 457 millions de livres sterling de chiffre d’affaires en 2017, année de son rachat par le Français Atalian pour former un groupe de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un groupe dont Kenton Fine était toujours vice-président du Conseil d’administration au moment de reprendre la direction de Getronics.