C’est par un communiqué que SFR a annoncé la semaine dernière avoir finalisé l’acquisition des 33% du capital de Numergy détenus par la Caisse des Dépôts ainsi que les 20% d’Atos. Dans son communiqué, l’opérateur indique avoir « pérennisé ainsi une entreprise dans laquelle il est investi depuis son origine » et met en avant la complémentarité de la technologie de Numergy avec l’offre de services Cloud de SFR et celle du groupe Altice, dont « l’une des priorités est de consolider l’ensemble de ses activités autour du Cloud, de l’IOT et des services managés ».

Dans une interview donnée au Journal du Net, Guillaume de Lavallade, le nouveau directeur exécutif de l’activité Entreprises de SFR indique que l’intégration de Numergy est en cours sous la houlette de Guy Roussel, l’ancien patron du conseil de surveillance de cloud souverain, et que SFR conservera une offre OpenStack. C’est tout. Rien sur les suites du plan de sauvegarde en cours, ni sur la stratégie partenaires. L’opérateur n’a pas donné suite à notre sollicitation par mail sur ce dernier point.

Du côté de Cloudwatt, l’histoire aussi s’est accélérée depuis quelques semaines. Après avoir laissé entendre au moment de son rachat en mars 2015 que Cloudwatt conserverait son autonomie au sein du groupe, Orange a fini par l’intégrer – en réalité le « dissoudre », ont immédiatement regretté certains – dans son entité Orange Cloud for Business au début du mois de janvier. Et dans une interview donnée à ZDnet la semaine dernière, Thierry Chaumeron, le responsable stratégie et marketing de Cloudwatt n’a laissé que peu de doutes sur la suite de l’histoire en déclarant : « Amazon Web Services n’a pas été créé pour l’extérieur mais d’abord pour l’interne. L’idée c’est de reproduire ça ». Et d’égrainer une stratégie de fait largement tournée vers l’interne et vers les directions informatiques des grandes entreprises, clientèle traditionnelle d’Orange.

À l’intention de ses clients historiques, essentiellement des partenaires, Thierry Chaumeron précise : « nous proposons un cloud complètement en self-service, élastique, en paiement à l’usage, ouvert grâce aux API OpenStack ». Pas vraiment de quoi les rassurer. Là encore, Cloudwatt n’a pas donné suite à notre sollicitation.

De fait, lorsque l’on demande aux partenaires historiques si Cloudwatt a l’intention de maintenir son écosystème de prestataires de services et de revendeurs existant, la réponse fuse : « Non, ça n’est pas du tout le sentiment que ça donne, s’étonne un gros intégrateur national. Depuis la reprise par Orange, nous n’avons plus aucun contact commercial. Plus aucune affaire en cours non plus. Aucune nouvelle du contrat signé, ni aucune proposition de nouveau contrat. Cette absence totale de communication laisse à penser que Cloudwatt n’existe plus. On ne sait donc pas s’il y a encore une stratégie partenaires. Pendant ce temps Microsoft occupe le terrain avec Azure. »

Du côté de Numergy la réponse est plus nuancée. Comme pour Cloudwatt, certains partenaires n’ont aucune information. Mais d’autres constatent que si sa présence est moindre, Numergy a su préserver une équipe avant-vente qui supporte et accompagne les partenaires sur les projets, y compris depuis la reprise effective.

À noter que beaucoup des partenaires que nous avons sollicités nous ont indiqué n’avoir jamais vraiment eu de projets concrets avec Cloudwatt ou Numergy alors qu’ils figurent pourtant dans la liste de leurs partenaires officiels. « La majorité étaient des partenaires dormants, explique l’un d’eux. Numergy et cloudwatt avaient comme objectif de présenter un réseau de partenaires conséquent en quantitatif, pour répondre à leurs impératifs marketing. Et comme le contrat n’engageait à rien (des deux côtés), ça ne coûtait rien de jouer pour bénéficier du buzz Cloud souverain ». Mais après parfois quinze réunions en trois ans, le business n’a jamais décollé faute d’une « proposition de valeur suffisante« , et l’effet buzz s’est délité. Ce qui devrait conduire assez rapidement pour Numergy et Cloudwatt à une rationalisation de leur réseau de partenaires.

Malgré ce constat, l’idée de Cloud souverain reste pertinente pour les partenaires. « Il suffit s’observer les job descriptions de l’ANSSI pour s’en convaincre, estime le patron d’un gros éditeur SaaS. Les réglementations européenne et nationale vont se densifier et le rôle de l’ANSSI va aller croissant ». « Les clients cherchent de plus en plus des solutions de bout en bout maitrisées et gérées sur un territoire défini (région, France, Europe..), assure pour sa part un confrère du précédent. Mais les projets Numergy et Cloudwatt n’avaient juste aucun sens et aucune réalité pratique ».