La Silicon Valley est le théâtre d’escarmouches entre cette fois Oracle et Autnomy, dont le CEO est accusé de mensonges par Larry Ellison. La véritable cible de l’éditeur américain est bien entendu HP.

 

Mais jusqu’où iront-ils ? C’est la question qui vient à l’esprit en considérant le nouveau front ouvert par Oracle, à l’encontre d’Autonomy cette fois. Un front où tous les coups semblent permis.

Le 21 septembre dernier, jour de la présentation des résultats d’Oracle, Larry Ellison avait laissé entendre que sa société avait été approchée par l’éditeur anglais. Une entrevue entre le CEO d’Autonomy Mike Lynch, accompagné de son banquier d’affaire, Franck Quattrone, et le responsable des fusions et acquisitions d’Oracle, Douglas Kehring, se serait même déroulée en présence de Mark Hurd, co-président d’Oracle. But de la réunion : la cession d’Autonomy pour 6 milliards de dollars à l’éditeur de Redwood Shores. Mark Hurd aurait décliné l’offre, estimant le prix surévalué.

Les propos de Larry Ellison ont provoqué la colère de Mike Lynch qui a expliqué qu’ils étaient inexacts. Dans une interview accordée au Wall Street Journal, le patron d’Autonomy reconnaît l’existence de la rencontre mais explique qu’il s’agissait d’une réunion informelle organisée par Franck Quattrone. Selon lui on y avait parlé technique, la société n’étant pas à vendre à l’époque.

Ces propos laissent perplexe. Quel intérêt aurait eu un banquier d’affaires à organiser une réunion technique avec le responsable des fusions et acquisitions d’Oracle ? Mystère.

Quoi qu’il en soit, chez Oracle on a répondu avec la grosse artillerie. L’éditeur a en effet publié un premier communiqué expliquant que le Britannique avait une mémoire défaillante ou était un menteur. Il y explique à nouveau que le prix demandé lors de l’entrevue était trop élevé. Et pour bien enfoncer le clou, il affirme qu’il possède les documents Powerpoint présentés par Autonomy le jour de la présentation.

Cette assertion a fait sortir Franck Quattrone de son silence.

« Ces documents ont été envoyés à Oracle au mois de janvier. Ils n’ont pas été utilisés lors de notre rencontre avec Mark et Doug », explique le banquier.

De son côté, Mike Lynch s’est à nouveau confié au Wall Street Journal. Il s’est déclaré flatté et amusé par l’attention portée à Autonomy mais qu’Oracle se trompait dans l’ordre des événements et sur l’origine des documents en sa possession.


Oracle sort la grosse artillerie

Avec un humour très british, il a ensuite rappelé que sa société était spécialisée dans les logiciels permettant aux entreprises de traiter les emails et autres données non structurées. « Nous serions ravi de les aider », a-t-il conclu.

Cet humour n’a bien entendu pas été apprécié chez Oracle puisque l’éditeur a publié un second communiqué sobrement intitulé « Un autre bobard du CEO d’Autonomy Mike Lynch ». Et mis en ligne les fameux documents de présentation sur un site baptisé Oracle.com/PleaseBuyAutonomy. « Nous espérons que Mike Lynch reconnaisse ses diapositives, que sa mémoire soit rafraîchie et qu’il se souvienne de quoi lui et Frank Quattrone ont discuté lors de leur visite à Oracle en avril dernier », peut-on y lire.

Cette salve de communiqués a probablement deux buts. Faire douter les investisseurs et les clients de la validité de la stratégie d’HP et semer le doute sur l’intégrité morale de Mike Lynch.

Dans les deux cas, il s’agit de faire capoter le rachat d’Autonomy.