La crise traversée par Intel continue de susciter la convoitise de ses rivaux. Selon le Wall Street Journal, les géants des semi-conducteurs Broadcom et TSMC envisagent de faire des offres séparées sur ses deux grandes activités. Broadcom lorgne les activités de conception et de marketing d’Intel tandis que TSMC s’intéresserait à ses usines de fabrication.

Le journal d’affaires précise qu’à ce stade Broadcom discute de manière informelle avec ses conseillers de la possibilité de faire une offre. La société serait prête à se lancer à condition de trouver un partenaire pour les activités de fabrication. Elle ne s’est pas encore rapprochée de TSMC mais leurs intérêts pourraient converger.

Intel sort très affaibli d’un exercice 2024, qui s’est soldé par une perte de 19 milliards de dollars et a conduit au départ forcé de son ancien PDG Pat Gelsinger. Le groupe fait face à une concurrence accrue, d’acteurs tels que Qualcomm, AMD et Nvidia. Sa position est fragilisée sur les segments des PC, serveurs et centres de données, avec un retard difficile à combler dans le domaine de l’IA.

Pour rebondir, la société mise sur l’arrivée des premières puces fabriquées sur la base Intel 18A (1,8 nm) mais qui n’arriveront pas sur le marché avant la fin 2025. Pour traverser cette phase critique, Intel taille dans ses coûts. L’entreprise a licencié l’an dernier plus de 15% de son personnel, freiné ses investissements en Europe et elle poursuit un plan d’économies de 10 milliards de dollars.

Ces difficultés se reflètent aussi dans son cours de bourse, divisé par trois depuis 2020. Malgré un rebond de 20% la semaine dernière, sa capitalisation dépasse tout juste 100 milliards de dollars, dix fois moins que celle de Broadcom. Une faiblesse qui avait déjà conduit Qualcomm à approcher Intel pour faire une offre sur son activité de conception de puces en septembre dernier.

Mais même si le moment parait opportun pour un rachat, le dossier s’annonce semé d’embuches tant sur le plan réglementaire que politique. Han Tock, le CEO de Broadcom en sait quelque chose. Déjà en 2018, Donald Trump avait interdit le rachat de Qualcomm par Broadcom au motif de la défense nationale. C’était avant que Broadcom migre son siège de Singapour aux Etats-Unis.

De la même manière, il parait peu probable qu’une prise de contrôle des usines d’Intel par TSMC reçoive l’approbation de la nouvelle administration Trump, surtout après les subventions attribuées à Intel pour réduire la dépendance vis-à-vis des fabricants étrangers. Mais TSMC pourrait s’engager dans le cadre d’un consortium d’investisseurs, notamment avec l’objectif de trouver un compromis sur les tarifs douaniers.