Le président Joe Biden est enfin prêt à ratifier le Chips Act après l’adoption de la loi par les deux chambres du congrès. Le texte prévoit de débloquer 52 milliards de dollars de subventions pour relancer la production de semi-conducteurs aux États-Unis avec une enveloppe de 39 milliards de dollars d’aides pour les fabricants de semi-conducteurs et 13 milliards pour les laboratoires de recherche.  Par ailleurs jusqu’à 24 milliards de dollars pourront être attribués en crédits d’impôt pour soutenir les investissements pendant les cinq prochaines années.

« En fabriquant plus de semi-conducteurs aux États-Unis, ce projet de loi augmentera la fabrication nationale et réduira les coûts pour les familles. Et cela renforcera notre sécurité nationale en nous rendant moins dépendants des sources étrangères de semi-conducteurs », s’est félicité le président des États-Unis dans un communiqué de la Maison Blanche.

La loi vise à positionner les USA parmi les leaders mondiaux du secteur. Les lobbies, dont la puissante Semiconductor Industry Association (SIA), ont bataillé pour son adoption, rappelant dans un courrier à Joe Biden que la part des États-Unis dans la fabrication de semi-conducteurs était passée de 37% en 1990 à 12% aujourd’hui. La tension mondiale continue sur l’approvisionnement des semi-conducteurs a fourni la justification pour son adoption en urgence. Fin 2021 le ministère du Commerce tirait la sonnette d’alarme en déclarant que le niveau des stocks de puces aux États-Unis équivalait à 5 jours de consommations, contre 40 en 2019, menaçant d’asphyxie différents secteurs industriels.

L’adoption de la loi intervient toutefois alors que s’amorce un net ralentissement de la vente des puces. La Gartner prévoit que le revenu mondial des semi-conducteurs augmentera de 7,4 % en 2022 pour atteindre 639,2 milliards de dollars, ce qui représente une baisse par rapport à sa précédente prévision de croissance de 13,6 %, et par rapport à une croissance de 26,3 % l’année dernière. Le cabinet d’analyses anticipe désormais une baisse de 2,5% en 2023.

Malgré cette conjoncture défavorable, la promulgation de la loi devrait permettre d’accélérer les nouveaux projets des géants du secteur. Intel devrait en être le plus grand bénéficiaire pour son projet de fonderies à 20 milliards de dollars dans l’Ohio. Sans oublier TSMC et son projet d’usine de 12 milliards de dollars en Arizona, Globalfoundries qui prévoit d’investir 1 milliard de dollars ou encore le fabricant taïwanais de tranches de silicium Globalwafers qui selon le Nikkei Asia pourrait également investir 5 milliards de dollars aux États-Unis.

La course est aussi lancée en Europe où la Commission Européenne (CE) a annoncé en février dernier un budget de 43 milliards d’euros pour multiplier par deux la fabrication de puces d’ici 2030 et atteindre 20% de la production mondiale. Là encore Intel compte utiliser le Chips Act européen comme levier pour son plan de 80 milliards d’euros en Europe.