Des éditeurs qui se révoltent, un pays qui s’inquiète, Motorola qui se métamorphose en concurrent redoutable, un éditorialiste qui doute et Steve Jobs qui s’en va : les belles années d’Apple seraient elles révolues ?

 

Rien ne va plus chez Apple. Au moment où Steve jobs est contraint une nouvelle fois de laisser les rênes de son entreprise à son fidèle directeur opérationnel Tim Hook pour raisons de santé, le fabricant doit faire face à la fronde des éditeurs américains qui s’étaient bien imprudemment laissé entraîner dans le sillage de l’iPad.


Les géants de la presse magazine que sont Condé Nast, Hearst, Time, sans oublier la presse quotidienne et ses titres emblématiques (The Economist, The New Yorker, The Wall Street Journal…) ont en effet dépensé des millions de dollars pour développer des apps et adapter leurs titres au format numérique de la tablette. C’était sans compter avec le pourtant légendaire vampirisme du fabricant à la pomme. Ce dernier, qui ponctionne au passage 30% des recettes, refuse les formules d’abonnement.

 

Résultat : la lecture quotidienne ou même hebdomadaire d’un journal ou d’un magazine se révèle particulièrement coûteuse. D’autant que le prix à l’unité de la version électronique n’est pas moins cher que la version papier – c’est même quelquefois le contraire – ce que ne comprennent pas forcément les lecteurs. C’est pourquoi, après un démarrage en flèche, la presse en ligne sur l’App Store dégringole.


Le New York Times publie ainsi avec gourmandise le témoignage d’un lecteur de son concurrent le New Yorker. « C’est du banditisme de grand chemin. Je reprends un abonnement papier. Je ne veux pas payer 250 dollars pour une app », écrit le lecteur outragé.


Le gouvernement belge prêt à mordre


Et pour ne rien arranger, Apple envisage, semble-t-il, d’introduire dans ses contrats avec les éditeurs un clause interdisant désormais un accès direct à leur site, obligeant les lecteurs à passer par sa bibliothèque numérique iTunes. Un projet qui subit les foudres du gouvernement… belge. Dans un communiqué, le ministre en charge des télécommunications chez nos voisins, Vincent Van Quickenborne, s’émeut et demande aux instances nationales de la concurrence « d’examiner si Apple se rend coupable d’abus de position dominante, après la publication d’informations sur la vente exclusive des abonnements à des journaux ou magazines via iTunes ».


De leur côté, les éditeurs comptent désormais sur une arme qu’ils espèrent efficace pour amener le fabricant à la raison : la concurrence. Une concurrence qui a pour noms Blackberry, Android ou Motorola. Et qui n’est pas à négliger. La tablette Android de Motorola, la Xoom n’a-t-elle pas été bombardée « Best of Show » à l’occasion du Consumer Electronics Show de Las Vegas, le smartphone Atrix de ce même constructeur se voyant de son côté décerner le label de meilleur smartphone ?


Tout espoir n’est pas donc perdu pour les éditeurs, d’autant que le Californien semble rencontrer quelques problèmes avec le Daily, le magazine qu’il a prévu de lancer avec le groupe Murdoch. Annoncé au mois de février, ce lancement d’ores et déjà retardé, officiellement pour des problèmes de facturation. On le voit, la situation n’est pas idyllique pour Apple.


Curieuse coïncidence, la veille de l’annonce du départ de Steve Jobs, l’éditorialiste James Stewart s’interrogeait dans les colonnes du Wall Street Journal sur l’avenir du constructeur. Et se disait que les meilleures années d’Apple étaient peut être désormais dans le rétroviseur.