L’arrivée d’un ancien de Microsoft à la tête de Nokia US semble accréditer la thèse d’un rapprochement planifié depuis longtemps. L’éditeur de Redmond va injecter des milliards de dollars dans l’alliance.

Entamé jeudi dernier avec quelques annonces fracassantes comme le partenariat signé avec Microsoft (sensé apporter aux smartphones du Finlandais un système d’exploitation digne de ce nom), la scission de l’entreprise en deux entités distinctes et des suppressions substantielles d’emplois, le grand chambardement se poursuit chez Nokia. On vient ainsi d’apprendre le départ du président de la filiale nord-américaine, Mark Louison.

 

Selon le fabricant, ce dernier aurait décidé de poursuivre sa carrière hors de la société. Une volonté soudaine qui ne trompe personne, d’autant que son remplaçant est déjà en place. Il s’agit de Chris Weber, un ancien vice-président de Microsoft, où il était en charge du groupe entreprises et réseaux. Un poste qu’il abandonna au mois d’octobre 2010 pour rejoindre le conseil d’administration de l’éditeur Adapx, étroitement lié à la firme de Redmond.

C’est donc à un sérieux renforcement des liens des deux entreprises que l’on assiste. On peut même se demander si la nomination de Stephen Elop, à la tête de Nokia en septembre dernier n’avait pas été décidée de commun accord par les deux mastodontes

On apprend par ailleurs qu’en marge du Mobile World Congress de Barcelone, Stephen Elop a déclaré dimanche soir au cours d’un conférence de presse que grâce à l’accord signé avec l’éditeur, Microsoft allait apporter beaucoup de dollars à Nokia. « Des millions ? », s’est enquis un journaliste. « Beaucoup plus », a répondu Stephen Elop, avant d’ajouter que la somme se calculait « en BS et non en Ms ». Il a également laissé entendre que Google avait également approché Nokia en ce sens.

Le PDG de Nokia s’est d’ailleurs félicité de cette surenchère qui démontrait la valeur de son entreprise avant d’ajouter que s’il avait accepté les propositions de Google, le monde de la téléphonie Mobile se serait limité à un duopole avec d’un côté Apple et de l’autre un tandem Android/Nokia. Il a ensuite laissé la parole à Jo Harlow, la patronne de la nouvelle entité Smart Devices qui a précisé que les premiers terminaux équipés de Windows Phone 7 allaient voir le jour avant la fin de l’année.


Un choix pertinent ?


On peut toutefois s’interroger sur le bien fondé du rapprochement entre ces deux mastodontes en perte de vitesse que sont Nokia et Microsoft. « Deux dindes ne font pas un aigle », a ainsi commenté méchamment Vic Gundotra, responsable de l’ingénierie chez Google.

On peut comprendre la rancoeur de ce dernier, d’autant qu’il est lui aussi un ancien salarié de Microsoft. On constate cependant que de nombreux analystes ne sont pas loin de partager ce point de vue. Et ils ne sont pas les seuls si l’on en juge des réactions attristées de fans du constructeur finlandais glanées sur le net. Ils étaient semble-t-il nombreux à attendre l’arrivée d’un smartphone Nokia motorisé par Android.

Du côté des développeurs, le rapprochement Nokia/Microsoft est en revanche plutôt bien accueilli. Depuis l’annonce officielle, la plateforme mobile Flurry aurait ainsi enregistré une croissance de 66 % des projets d’applications sous Windows Phone 7.

C’est en quelque sorte un quitte ou double qui va se jouer les prochains mois sous nos yeux. D’ici-là attendons la conférence de presse de Steve Ballmer annoncée ce lundi, puis celle d’Eric Schimdt prévue mardi, pour y voir plus clair..Et lançons les paris.