Les six premiers mois de l’année ont été marqués par la chute de Nokia sous les coups de boutoir d’Android et d’Apple. Nous vous proposons un petit rappel des évènements qui ont marqué cette déroute.

 

Naguère champion incontesté de la téléphonie Mobile, Nokia n’a pas réussi à prendre véritablement le virage du smartphone, se contentant de proposer pendant longtemps un OS vieillot (le lancement de Symbian Belle n’est prévu au mieux que pour la fin de l’année). L’arrivée en septembre 2010 de Stephen Elop, jusqu’alors dirigeant de Microsoft, à la tête de la société n’a pas réussi à redresser la barre et à stopper la descente aux enfers du constructeur finlandais, laquelle s’est même accélérée en 2011.

Au mois de janvier, Nokia, confronté à la pression grandissante d’Apple et d’Android, annonçait de médiocres résultats pour le 4ème trimestre, avec une chute de 9% du résultat opérationnel.

Quelques jours après, Stephen Elop dressait d’ailleurs un tableau sombre de la situation. « Nous aussi, nous nous tenons sur une plateforme en feu et nous devons décider de la manière dont nous allons changer notre comportement », expliquait-il faisant référence à un accident parvenu quelques jours aupravant sur une plateforme pétrolière, accident qui avait obligé un homme à se jeter dans les eaux glacées de la mer de Norvège.

 

Une alliance avec Microsoft

Dans la foulée, justifiant en quelque sorte son qualificatif « d’homme de Redmond », le nouveau PDG annonçait une alliance avec Microsoft, assortie d’une vaste réorganisation prévoyant, outre le départ de quelques têtes pensantes comme le responsable de MeeGo, Alberto Torres, la scission de la société en deux entités autonomes. L’une regroupe les terminaux bas de gamme destinés au pays en voie de développement, l’autre englobe les smartphones et MeeGo, ce dernier (considéré jusqu’alors comme le successeur de Symbian) devenant un OS open source destiné « à de futures générations de terminaux ». Un enterrement de première classe en quelque sorte qui faisait place nette à WP7, adopté par Nokia comme le nouvel OS maison.

Bien perçue chez les développeurs, cette alliance laissait plutôt sceptiques de nombreux analystes partageant le point de vue de Vic Gundotra, responsable de l’ingénierie chez Google, qui déclarait méchamment « Deux dindes ne font pas un aigle ». Parmi les cabinets d’analyse, seuls IDC et Ovum prévoyaient un avenir radieux à l’alliance, l’Américain estimant même que WP7 dominerait le marché d’ici 2015. Avec Android toutefois.

Les autres analystes étaient quant à eux d’autant plus sceptiques qu’ils avaient appris que dans l’affaire, Microsoft allait lâcher un milliard de dollars sur cinq ans, prouvant ainsi si nécessaire que l’éditeur considérait l’alliance avec Nokia comme un moyen de sauver son système d’exploitation mobile, particulièrement boudé par le public.


Le développement de Symbian externalisé

Mettant rapidement en oeuvre son plan de sauvetage, Stephen Elop cédait bientôt le développement de Sybmian à Accenture, externalisant du même coup, 3.000 de ses salariés. Une purge considérée comme insuffisante puisqu’elle s’accompagnait du licenciement de 4.000 personnes, confortant ainsi les craintes des syndicats finlandais.

Fin mai, la dernière étude de Gartner le confirmait, Nokia continuait à perdre des parts de marché sous les coups de boutoir de plus en plus menaçants d’Android.

Le choix « elopien » consistant à tout miser sur WP7 ne fait toujours pas l’unanimité chez le constructeur comme en témoigne le départ du directeur des technologies, Richard Green. Ce dernier estime que cette décision empêche le Finlandais de mettre des smartphones « modernes » sur le marché avant 2012.

Malgré tout, Stephen Elop compte sur l’accord signé avec Microsoft pour redresser Nokia et gagner des milliards de dollars. Cela malgré une division par deux de la capitalisation de la société depuis le début de l’année. Démentant des rumeurs de plus en persistantes, le CEO a déclaré le mois dernier que Nokia n’était pas à vendre.

Les mauvais résultats du deuxième trimetre – qui s’est soldé par une perte de 368 millions d’euros – ne l’ont pas fait changer d’avis. D’ailleurs selon lui, la stratégie qu’il a mis en place commence à porte ses fruits.

Seule véritable éclaircie dans ce ciel encombré de nuées, Nokia touche désormais des royalties d’Apple pour l’utilisation de ses technologies brevetées. C’est ce que prévoit un accord signé avec la firme de Cupertino. Un accord qui met fin à une bataille juridique de plusieurs années.