Dix ans après la disparition des derniers assembleurs de PC locaux, l’alsacien 2CRSI continue malgré tout de prospérer sur un marché autrefois florissant mais aujourd’hui sinistré. Son credo : la conception et la production de serveurs sur-mesure à destination d’une clientèle d’hébergeurs, d’éditeurs de logiciels et de clients industriels. Une niche qui lui assure néanmoins une croissance confortable : en trois ans, l’entreprise aura doublé son chiffre d’affaires, à 10 M€ attendus (et 2.500 pièces livrées) pour l’exercice 2015.
L’un des facteurs de la réussite de l’entreprise se situe dans sa R&D, suggère Jonathan Harvey, son directeur communication. De fait, avec une quinzaine de personnes sur un effectif total de 42 collaborateurs, l’équipe R&D occupe une place prépondérante dans l’entreprise. Illustration de cette capacité d’innovation : l’annonce ces derniers jours de l’Openblade, un chassis 5U pour serveurs lames sur-mesure, conçu pour des usages spécifiques nécessitant beaucoup de performance tels que le HPC (high performance computing), le broadcast, ou l’hébergement haute densité. En 2013, elle avait également mis sur le marché l’Hexaphi, un serveur ultra-dense embarquant 6 coprocesseurs. Destiné au forage pétrolier, ce serveur est resté l’un de se produits phares.
L’entreprise est également très versée dans le domaine du stockage en réponse à des besoins d’archivage de données, stockage en cloud et de big analytics. Elle s’est par exemple illustrée plus tôt dans l’année avec le 2U24 NVMe, un chassis 2U dans lequel elle a réussi à intégrer 24 disques SSD de nouvelle génération. Et elle produit des systèmes pouvant intégrer jusqu’à 480 TO de capacité dans des châssis d’une hauteur de 4U à base de disques à l’hélium.
Pour alimenter cette équipe R&D, l’entreprise s’appuie sur une équipe commerciale également particulièrement étofée, constituée d’une quinzaine de membres. Elle intègre des commerciaux mais également des technico-commerciaux et des avant-ventes qui interviennent en fonction de la complexité des projets. Cette dernière vient encore de s’illustrer avec la signature d’un contrat 30 M€ sur dix ans pour la fabrication de serveurs sur-mesure. Le nom de ce client n’a pas été dévoilé. Mais l’entreprise cite volontiers parmi ses références, Free, Numéricable ou OVH. Au rang de ses clients actifs, elle compte Dassault, APY et Avencall.
Convaincue que le made in France peut être un véritable argument commercial dans le domaine IT, l’entreprise forme l’ambition de se développer à l’international. Sa première filiale, l’entreprise l’a ouverte il y a un an en Caroline du Nord pour s’ouvrir les portes d’un marché représentant « 50% des débouchés mondiaux » dans son secteur, selon Jonathan Harvey. En septembre, l’entreprise s’est implantée à Dubaï, cette fois pour suivre l’un de ses grands clients et approcher ainsi les marchés du Moyen-Orient. Et elle vise désormais une implantation à court terme en Asie. Pour cela, elle prépare une première levée de fonds (dont le montant n’est pas communiqué).