Le 10 mars dernier, France Stratégie et la Dares publiaient leur rapport Les métiers en 2030, qui dresse un panorama des perspectives des métiers en France à l’horizon 2030 incluant notamment la dynamique de l’emploi et des postes à pourvoir pour chaque métier.

Dans leur scénario de référence, les auteurs du rapport anticipent la création d’un million d’emplois entre 2019 et 2030, dont deux tiers dans les services marchands. Un poids des services qui « traduit la spécialisation hexagonale, d’une part dans les services aux entreprises, d’autre part dans les services d’utilité collective portés par la socialisation des dépenses d’éducation, de santé et d’action sociale », explique les auteurs. D’une manière générale, les services généraux de l’administration et l’emploi agricole se replieraient. En revanche, les métiers industriels se redresseraient, inversant la tendance baissière des années passées.

En ajoutant à ces créations nettes d’emplois les départs en fin de carrière des dernières générations de baby-boomers, il y aurait au total près de 800.000 postes à pourvoir chaque année d’ici 2030 (près de 90 % provenant du remplacement des départs des seniors).

Pour le métier d’ingénieur de l’informatique 190.000 postes seraient à pourvoir d’ici à 2030, soit plus de 17.200 postes par an. Sur ce nombre, 115.000 postes correspondraient à des créations nettes d’emploi (soit 10.500 postes par an) et 75.000 à des remplacements dans le cadre de départs en fin de carrière (6.800 par an). Cela fait du métier d’ingénieur de l’informatique, le 10e métier le plus pourvoyeur de postes à l’échelle nationale (voir figure 1).

« Relativement jeune, le métier d’ingénieur de l’informatique devrait conjuguer un fort dynamisme de l’emploi et de faibles départs en fin de carrière, les postes nouvellement créés représentant plus de la moitié des postes à pourvoir », notent les auteurs du rapport. De fait le métier d’ingénieur de l’informatique ressort comme le métier appelé à connaître la plus forte expansion d’ici à 2030 avec une hausse de 26% des postes (figure 2).

Avec 156.000 jeunes débutants susceptibles d’arriver sur le marché d’ici à 2030, le métier d’ingénieur de l’informatique devrait voir davantage de jeunes débutants entrer en emploi que de seniors cesser leur activité d’ici là, comblant plus des trois quarts des besoins en recrutement (figure 3). La mobilité professionnelle est aussi à son avantage : entre 2010 et 2015 il y a eu davantage d’actifs déjà en emploi qui ont rejoint la profession que d’actifs l’ayant quittée. Au regard de ces deux indicateurs, le métier d’ingénieur de l’informatique est considéré comme attractif (figure 4).

Mais malgré cette attractivité, le nombre de jeunes débutants risque d’être nettement inférieur aux besoins en recrutement. Or le métier d’ingénieur de l’informatique apparaît déjà comme celui étant le plus en difficulté de recrutement en 2019. Un déséquilibre susceptible de se maintenir et qui risque de se traduire par une aggravation des difficultés de recrutement. Près d’un emploi d’ingénieur de l’informatique sur dix pourrait être difficilement pourvu en 2030. En revanche, les tensions devraient se réduire pour les techniciens de l’informatique d’ici à 2030.