Une jeune startup de logiciels en infogérance évaluée à 50 fois les revenus annuels lors de la phase de financement initiale. Des annonces de fusion-acquisition impliquant des évaluations de 15 à 18 fois l’EBITDA annuel. Y a-t-il lieu de s’inquiéter ? Que signifient les valorisations actuelles sur le marché de la tech ? Au lieu de regarder l’horizon et ses belles licornes, notre confrère de Channele2e a fait un retour de 20 ans en arrière le temps de quelques minutes, à l’aide d’une lettre d’information du cabinet canadien Kinsman Oak Capital Partners. Celui-ci met les investisseurs en garde contre l’état actuel du secteur des technologies dites « disruptives », en citant l’exemple de Sun Microsystems.

Dans les années 90, Sun Microsystems était un fournisseur de stations de travail et de serveurs haut de gamme. Java, le langage informatique de la société, était en vogue. À son apogée, en 2000, la valorisation boursière de Sun était d’environ 200 milliards de dollars. Lorsque la bulle Internet a éclaté, l’action s’est effondrée de plus de 95%.

L’ancien PDG de Sun Microsystems, Scott McNealy, s’était alors adressé aux investisseurs en ces termes : « À 10 fois les revenus, pour vous donner un retour sur investissement de 10 ans, je dois vous payer 100% des revenus pendant 10 années consécutives en dividendes. Cela suppose que je puisse obtenir cela de mes actionnaires. Cela suppose que le coût des marchandises vendues soit nul, ce qui est très difficile pour une société informatique. Cela suppose des dépenses nulles, ce qui est très difficile avec 39.000 employés. Cela suppose que je ne paie pas d’impôts, ce qui est très difficile. Cela suppose que vous ne payez pas d’impôts sur vos dividendes, ce qui est assez illégal. Et cela suppose qu’avec zéro R&D sur les 10 prochaines années, je puisse maintenir le taux d’exploitation actuel. Après avoir fait ce calcul, est-ce que l’un d’entre vous voudrait toujours acheter mes actions à 64$ ? Vous réalisez à quel point ces hypothèses de base sont ridicules ? Vous n’avez pas besoin de transparence. Vous n’avez pas besoin de notes de bas de page… A quoi pensiez-vous ? »