En rejoignant la Linux Foundation, Nvidia se rapproche de ses concurrents AMD et Intel. Le groupe devrait ainsi asseoir sa position sur le marché des super-calculateurs et des serveurs Linux.
Un pas de plus vers le monde des serveurs et des supercalculateurs. C’est ainsi que pourrait être interprétée la décision de Nvidia de rejoindre la Linux Foundation cette semaine. Le spécialiste du GPU et du calcul parallèle rejoint Intel et AMD, les deux cadres du marché des processeurs qui ont déjà rallié la fondation il y a plusieurs années. Intel étant par ailleurs un important contributeur au noyau Linux.
«En rejoignant la Linux Foundation, nous accélérons notre collaboration avec les entreprises et les développeurs dans l’évolution de Linux», indique de façon très succincte le groupe dans un communiqué. Les motivations restent donc officiellement floues. Le groupe californien n’indique par exemple pas s’il entend publier ses pilotes pour Linux en Open Source. Car pour l’instant, si le groupe met à jour régulièrement ses pilotes pour le monde Linux, ceux-ci ne sont toujours pas ouverts. Une ouverture demandée par la communauté Open Source, surtout depuis que les technologies GPU de Nvidia se banalisent dans les stations de travail et les serveurs. A l’image des derniers modèles de serveurs en rack PowerEdge (R720 et T620) chez Dell qui associent la dernière génération de puces Xeon E5 à un GPU Tesla M2090 512 coeurs.
Avec l’importance de Linux sur le segment des serveurs et des super-calculateurs, Nvidia entend logiquement se rapprocher de la communauté de l’OS. Il fait dire que le groupe mène une stratégie tous azimuts en matière de calcul parallèle. Comme nous avions pu le constater lors de la convention GTC China en décembre 2011, Nvidia nourrit de belles ambitions sur le marché des supercalculateurs, avec sa technologie de GPU multi-coeurs Tesla. Un secteur qui exploite le couple GPU / CPU pour créer ces montres de puissance. Si aujourd’hui, les activités HPC (Calcul haute performance) du groupe ne génèrent que 200 millions de dollars (en hausse de 166 % en un an tout de même), Nvidia compte rapidement devenir un acteur clé du secteur.
En novembre 2011, par exemple, le groupe a collaboré avec le Barcelona Supercomputing Center au développement d’un super-ordinateur hybride motorisé à la fois par les puces GPU du groupe et ses puces Tegra, des CPU reposant sur une architecture ARM, qu’il destine au marché de la mobilité. L’Université de l’Illinois, via son National Center for Supercomputing Applications a, quant à elle, choisi un supercalculateur Cray motorisé par des CPU AMD et des GPU Nvidia Tesla pour son projet Blue Water (plus de 1 pétaflop). Comment ne pas mentionner, dans une autre optique, le projet Denver. Un projet annoncé au dernier CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas et qui devrait propulser le Nvidia sur le marché des CPU, que ce soit pour PC, serveur, station de travail ou supercalculateur. Il s’agit pour Nvidia de venir affronter les mastodontes Intel et AMD sur leur terrain en profitant de l’engouement pour les technologies ARM. D’ici 2014, cette architecture devrait débarquer sur le marché des serveurs. Logique une nouvelle fois, d’intégrer plus en profondeur Linux dans l’équation.
Mais ce n’est pas tout. Avec ses puces Tegra, Nvidia est également devenu un acteur du marché des puces ARM pour mobile. Un segment où Linux, poussé notamment par Android – qui repose sur un noyau Linux -, est également fortement présent. Nvidia pourrait ainsi collaborer avec la communauté de la branche ARM et accélérer le support de ses technologies par la communauté libre.
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