Les bases de données relationnelles sont nées il y a une quarantaine d’années. Avec le cloud, il fallait en revisiter l’architecture pour qu’elles soient adaptées à ce nouveau monde. NuoDB[1] a relevé le défi.
Les bases de données relationnelles SQL constituent une technologie mature s’il en est même si des améliorations sont apportées en permanence. Mais l’architecture de base reste la même et est adapté au monde de l’informatique centralisée. Or depuis, sont apparus le Web et son avatar, le cloud. Les éditeurs traditionnels ont essayé de contourner le problème avec des configurations destinées à des systèmes en cluster par exemple. Mais au final, les bases de données, même revisitées, reste centralisée sur un seul système. Avec l’arrivée du cloud, ces bases ne peuvent plus vraiment tirer parti des bénéfices qu’apporte ce nouveau paradigme de l’informatique.
Parallèlement, est arrivé le mouvement des bases NoSQL. Certains pundits ont annoncé alors la fin des bases SQL et leur ont remplacées, un peu vite, par des bases d’un nouveau type. Sur ce point, Gary Morgenthaler, investisseur dans NuoDB est formel : « Lorsqu’il faut garantir l’exactitude et la fiabilité des données, les bases de données relationnelles sont irremplaçables », assure-t-il. Et il sait de quoi il parle. Il navigue dans les bases de données depuis une quarantaine d’années (Lire également Index Ventures et Morgenthaler Ventures, deux expériences d’investisseurs). Il a fondé la société Ingres pour la commercialisation de la base données éponyme open source – l’un des quatre grands des bases de données (The big four) des années 80 avec Oracle, Informix (racheté par IBM) et Sybase (racheté par SAP) – dont il a été CEO et président du Conseil d’administration jusqu’en 1989. Il a ensuite fondée la société Illustra Information Technologies (rachetée en 1996 par Informix) pour traiter des données complexes.
C’est Jim Starkey, un autre expert de longue date des bases de données qui a jeté les bases de l’architecture en 2008 et a été rejoint par Barris Morris, un spécialiste du logiciel dont l’un des titres de gloire est d’avoir créé Iona, la plus belle réussite de l’édition du logiciel irlandais. Parallèlement à l’évolution technique, plusieurs raisons économiques ont contribué à la nécessité de développer une nouvelle architecture de base de données que Barris Morris regroupe dans l’idée de la « Now Economy ». Parmi celles-ci on peut citer, la globalisation, l’obligation de fournir l’information en temps, le faible temps de latence, la croissance du paiement mobile et la prise de conscience croissance des questions de résidence des données et de protection des données personnelles.
Les principes de base de l’architecture de NuoDB sont : une capacité à la demande, un fonctionnement simultanément dans différents pays, l’affichage de la même information partout, assurer la consistance des transactions dans chaque endroit et un déploiement plus rapide. Comme les bases de données traditionnelles, NuoDB vérifie les 4 propriétés ACID (Atomisation, Cohérence, Isolation et Durabilité)[2]. Ce à quoi aucun des systèmes NoSQL ne prétendent. Chez NuoDB, le débat entre SQL et NoSQL est donc clos. « A l’extérieur, notre base fonctionne comme une base SQL mais l’intérieur est totalement un peu l’image d’une voiture Tesla (photo d’ouverture) qui rend les mêmes services qu’une voiture traditionnelle mais fonctionne de manière totalement différente », synthétise Barry Morris. NuoDB est bien commercialisée comme un base SQL et le Gartner la déjà placée dans son Magic Quadrant, dans la catégorie des acteurs de niche il est vrai.
Par ailleurs, NuoDB a été développé indépendamment des systèmes d’exploitation, les protocoles réseau et des modèles de virtualisation. « Toutefois, la création d’une telle application est un travail de titan car, affirme Barry Morris, les bases de données sont ce qui existe de plus complexe dans le logiciel ». Concevoir un logiciel distribué de ce type est très complexe car il faut prévoir toutes les situations qui posent un problème, 90 % du code leur sont consacrées.
Parmi les clients que compte NuoDB, il en est un particulièrement en l’occurrence Dassault Systèmes non seulement parce que c’est le plus important « mais parce que c’est une entreprise qui fait une utilisation très poussée des technologies, en particulier de notre base de données ». Dassault Systèmes est également un des investisseurs de NuoDB. Comptant environ 80 salariés, NuoDB a levé un peu plus de 26 M$. « Notre ambition n’est pas de remplacer une base Oracle avec notre base mais plutôt d’accompagner des migrations d’application vers le cloud, poursuit Barris Morris qui ne cache pas ses ambitions en envisageant de devenir le prochain éditeur de logiciel qui atteindra 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires. Pour y arriver, il lui suffirait de prendre un peu plus de 2 % du marché des bases de données estimé à 40 milliards de dollars par an.
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[1] NuoDB est basé à Cambridge dans le Massachusetts.
[2] – atomique : la suite d’opérations est indivisible, en cas d’échec en cours d’une des opérations, la suite d’opérations doit être complètement annulée (rollback) quel que soit le nombre d’opérations déjà réussies.
– cohérente : le contenu de la base de données à la fin de la transaction doit être cohérent sans pour autant que chaque opération durant la transaction donne un contenu cohérent. Un contenu final incohérent doit entraîner l’échec et l’annulation de toutes opérations de la transaction.
– isolée : lorsque deux transactions A et B sont exécutées en même temps, les modifications effectuées par A ne sont ni visibles par B, ni modifiables par B tant que la transaction A n’est pas terminée et validée (commit).
– durable : Une fois validé, l’état de la base de données doit être permanent, et aucun incident technique (exemple: crash) ne doit pouvoir engendrer une annulation des opérations effectuées durant la transaction.
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