Les PDG de Nextcloud, OVHCloud et Scaleway déplorent qu’il ait fallu déposer plainte auprès de la Commission Européenne pour que Microsoft révise sa politique de licences cloud en Europe. Ils estiment que la mesure prise par le géant de Redmond n’est pas suffisante.

Frank Karlitschek, le PDG de Nextcloud, un des membres fondateurs de Gaia-X, constate que les hyperscalers américains ont mis à mal l’espoir de l’association de mettre en œuvre une place de marché européenne d’infrastructure de données interopérable avec des normes ouvertes. « Gaia-X est devenue une sorte d’organisation de certification, ce qui n’est pas très utile », confie-t-il à notre confrère du Register.

Toujours à propos de Gaia-X, Michel Paulin, le PDG d’OVHcloud, parle de sabotage et déclare que les fournisseurs cloud qui refusent l’interopérabilité devraient être exclus de l’association.

Quant au PDG de Scaleway, Yann Lechelle, il a pris la décision l’an dernier de rompre avec le projet Gaia-X considérant qu’il ne pourrait jamais devenir une alternative régionale aux solutions de cloud public, américaines pour la plupart. Il précise que Gaia-X devrait être défini et régi par les producteurs de données, pas par des fournisseurs de cloud.

Les dirigeants de Scaleway et Nextcloud s’accordent à dire qu’une forme de protectionnisme est souhaitable en Europe pour être concurrentiel face aux hyperscalers américains qui sont extrêmement protectionnistes.

Pour Yann Lechelle, cela pourrait notamment passer par la garantie d’une certaine quantité d’achats du secteur public des Etats européens auprès de fournisseurs de cloud européens.

Revenant sur la mesure prise par Microsoft suite aux plaintes déposées quant à son comportement anti-concurrentiel, Frank Karlitschek estime que « les effets généraux de dépendance et de verrouillage ne sont pas du tout résolus » et que « la Commission doit poursuivre son enquête pour le bien des clients européens du cloud ».