Cette fois c’est officiel, il n’y aura pas de Cloud « souverain » français ni même européen sans la participation de Google, Amazon et Microsoft. Le projet européen Gaia-X, qui se voulait une alternative à ces dernières, se déclinera chez nous avec leur participation « contrôlée ». C’est ce qui ressort de la nouvelle stratégie française présentée par Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Ces derniers ont annoncé un label « Cloud de confiance » qui reposera sur le visa « SecNumCloud » délivré par l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information). Il sera attribué aux entreprises qui respecteront notamment le futur « European Cybersecurity Certification Scheme for Cloud Services ».
À part cela, la porte sera ouverte aux trois géants US qui auront toutefois comme obligation de commercialiser leurs briques logicielles au travers de fournisseurs français qui garantiront un hébergement dans l’Hexagone. Sont sur les rangs Google Cloud qui a signé des accords avec OVH et Orange, AWS s’est associé avec Orange Business Services et Microsoft qui s’est allié avec Atos.
À défaut de lutter contre les Gafam, les fournisseurs français travaillent avec eux. En principe, les données françaises devraient ainsi échapper au Cloud Act et au FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act) américains qui dans certains cas permettent à la justice ou aux services de renseignement d’outre-Atlantique d’accéder aux données hébergées hors des Etats-Unis.
Pour réduire la dépendance vis-à-vis des acteurs US, Bruno Le Maire a indiqué que le plan France Relance pourrait permettre à des entreprises de l’Hexagone de développer leurs propres services.
Le gouvernement a également présenté sa doctrine « Cloud au centre », selon laquelle les administrations devront héberger leurs données dans un cloud interne ou dans un cloud de confiance externe validé par l’Anssi. Chaque administration ne pourra plus développer sa propre solution. Elle devra se rabattre sur l’offre de la Direction des finances publiques ou sur celle du ministère de l’Intérieur.
On est désormais bien loin des clouds souverains d’antan (Andomède, Cloudwatt, Numergy). La nouvelle doctrine française est moins ambitieuse mais plus réaliste.