Le fondateur de Huawei Ren Zhengfei a écrit une note interne alarmiste sur la conjoncture mondiale appelant ses troupes à passer en mode survie. Le mémo a été publié le 22 août, divulgué le lendemain par plusieurs médias chinois et désormais partagé et discuté par plus de 100 millions d’utilisateurs sur les réseaux sociaux chinois.

« Nous devons voir les difficultés auxquelles l’entreprise est confrontée et les difficultés à venir. La prochaine décennie devrait être une période historique très douloureuse, l’économie mondiale continuera de décliner », déclare le PDG qui estime peu probable, avec l’impact cumulé des sanctions américaines, de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la baisse de la consommation, une amélioration dans les 3 à 5 prochaines années.

Pour franchir le cap incertain des deux prochaines, le PDG considère que la « survie est la ligne directrice » mais que le groupe doit« survivre avec qualité ». Il appelle ainsi à se concentrer désormais sur les bénéfices et les flux de trésorerie, quitte à diminuer les ventes. Suivant cette ligne les projets complexes aux profits incertains seront réduits ou abandonnés, tout comme le groupe pourra se retirer des pays non rentables.

La pression sera aussi mise en interne sur la R&D pour garantir la qualité des produits et in fine du service global. « La mauvaise qualité des produits est la honte du personnel de recherche et développement, cette phrase devrait être collée au mur de bureau R & D », est-il écrit dans la missive.

Cette prise de parole intervient dix jours après la publication des résultats du premier semestre, avec un chiffre d’affaires en recul de 5,9% d’une année sur l’autre à 301,6 milliards de yuans (44,7 milliards de dollars). La marge nette bénéficiaire s’est également tassée à 5% contre 9,8% un an plus tôt. Mais le pire est devant semble penser le PDG.

Au-delà de Huawei, le message est perçu comme un signal d’alarme par les entreprises chinoises dans une économie sous pression et qui ne devrait pas atteindre son objectif de croissance économique de 5,5% cette année. Et il porte au-delà des frontières.