L’histoire de H3C comme l’une des plus importantes co-entreprise technologique sino-américaine touche à sa fin. Dans un document réglementaire déposé à la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis, HPE fait connaitre son intention de céder les 49% restants de sa filiale en Chine. HP avait hérité de H3C, à l’origine une co-entreprise entre Huawei et 3Com, après son rachat de 3Com en 2010. En 2015 HP avait déjà cédé 51% du capital d’H3C à Tsinghua Unigroup pour 2,3 Md$. L’accord conclu alors faisait de H3C le fournisseur exclusif de HPE en Chine pour les serveurs, le stockage et les services techniques informatiques associés. Il prévoyait aussi la possibilité pour le groupe américain de céder ses titres restants à son partenaire chinois, ce qu’il a décidé de faire juste avant la fin du délai imparti.

« Notre co-entreprise dans H3C Technologies a bien servi HPE pendant de nombreuses années, produisant des avantages financiers pour notre entreprise et nos actionnaires tout en nous permettant d’accélérer les transformations numériques des clients en Chine et dans le monde entier », a commenté HPE, sollicité par nos confrères de The Register. Le groupe explique aussi qu’il maintiendra une relation commerciale avec H3C et qu’il continuera de faire des affaires en Chine par le biais de ses équipes de ventes directes et avec ses partenaires.

Les actions restantes seront vendues à Unisplendour International Technology (UNIS), une filiale en propriété exclusive de Tsinghua Unigroup. Elles devraient rapporter à HPE une somme en espèces équivalente à 15 fois les bénéfices annuels après impôts d’H3C (au 30 avril 2022), soit selon les estimations d’UBS entre 3,5 et 4 milliards de dollars. Une manne dans laquelle HPE va pouvoir piocher pour ses futures opérations stratégiques. Rappelons qu’en décembre Bloomberg prêtait à HPE un intérêt pour la prise de contrôle de Nutanix, même si les discussions ont depuis été interrompues.

Malgré cet important apport de cash, la décision de HPE de céder ses titres a surpris alors que le groupe avait expliqué lors de ses derniers résultats qu’H3C contribuait fortement à ses bénéfices. Le choix semble donc davantage dicté par la rivalité croissante entre les deux grandes puissances technologiques américaine et chinoise.

« Le partenaire de HPE, Tsinghua Holdings, est très agressif dans ses investissements dans les sociétés et usines de silicium en Chine et dans la conduite des développements technologiques nationaux. H3C est également un fournisseur d’équipements clé pour de nombreux projets gouvernementaux en Chine et sa filiale New H3C Semiconductor figurait sur la liste noire des entités figurant sur la liste noire du gouvernement américain », rappelle ainsi l’analyste d’Omdia Manoj Sukumaran à The Register.

HPE n’est pas un cas isolé rappelle aussi l’analyste. Berkshire Hathaway a réduit sa participation dans BYD, Softbank dans Alibaba et Naspers dans Tencent.

Par ailleurs, cette décision de HPE intervient deux semaines après que la filiale chinoise du géant taiwanais de l’électronique Foxconn ait accepté de vendre la totalité de sa participation dans le conglomérat chinois de puces Tsinghua Unigroup. Un nouvel exemple donc d’un mouvement de découplage qui s’accélère.